Qui
?
"Ce
qui m'étonne, c'est qu'il demande toujours pourquoi, jamais qui !"
Agatha
Christie, Le Vallon
L'autre, un sujet en question ?
Quelqu'un comme vous,
Fabrice Roger-Lacan (l'affiche)
"Ni rire ni pleurer, mais comprendre", Spinoza
"Intelligenti pauca"
"Ni rire ni pleurer, mais comprendre", Spinoza
"Intelligenti pauca"
"C'est
la contradiction qui donne la vie en littérature"
Balzac,
Illusions perdues
"Pas de deux" entre soi et moi
"Je
est un autre"
Arthur Rimbaud
C'est pourquoi je
vous propose d'écrire "avec"
vous
(non pas "sur"
vous, à la 1ère personne du singulier)
"La vérité d'un
homme, c'est d'abord ce qu'il cache"André
Malraux
Ce qu'il (se) cache ?
Ces odyssées polyphoniques
inter-nautiques,
se proposent de mettre en scène
les
"pas de deux"
de
personnages
à la recherche d'une esthétique et d'une éthique
générationnelles et intergénérationnelles,
entre pensée logique et pensée magique, mémoire
volontaire et involontaire,
sur les
thèmes inspirés de
La Recherche du temps perdu
de Marcel
Proust
(ou "comment devenir
écrivain ?")
de
l'art d'aimer, de la fugue,
de l'exil,
de la
filiation, des rencontres
et des malentendus,
de la séparation
et du lien,
des
métamorphoses,
de l'art
et de la
manière,
de l'art et la matière,
de la
création . .
"Vous
ne comprenez donc pas que les gens de mon espèce, ceux qui créent,
sont rigoureusment incapables d'ôter la vie?
Agatha
Christie, Le Vallon
"Tout est dans la
forme"
Balzac,
Illusions perdues
"le temps lui-même est
une forme"
Roland Barthes, Sur Racine (préface)
"Les
Inséparables"
d'Esther
Shalev-Gerz, fabriqué par Jaeger-LeCoultre
"Tempo è galant'uomo,
dit l'Italien ;
il dit toujours la vérité :
c'est
lui qui m'apprendra qui me veut du mal, ou du bien"
Figaro
Beaumarchais, Le
Mariage de Figaro (III,5)
O O
Du cadre spatio-temporel aux personnages
"On ne pense que par images, si tu veux être philosophe, écris des romans."
Albert Camus
(romancier, dramaturge et metteur en scène, journaliste et philosophe)
"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible"
Paul Klee
O O
Où les personnages de ce roman polyphonique internau-tique contemporain sont ils heureux ?
Chez eux, à l'école, au théâtre, dans une bibliothèque, une librairie, un musée, au cinéma..
dans un parc?
(peintre)
Où cette photo a-t-elle été prise ?
Dans quel roman d'un auteur contemporain est-il question de cette allée et de cette statue ?
Et celle-ci ?
Qui est le personnage représenté ?
Rubrique : Le cadre spatio-temporel
O O
"une
scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux"
Pourquoi
je fais du théâtre, Albert Camus
Où les personnages de ce roman polyphonique internau-tique contemporain sont ils heureux ?
Chez eux, à l'école, au théâtre, dans une bibliothèque, une librairie, un musée, au cinéma..
dans un parc?
"Eh bien je me le suis souvent demandé. Et la seule
réponse que j’ai pu me faire jusqu’à présent vous paraîtra
d’une décourageante banalité : tout simplement parce qu’une
scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux. "
Eh bien je me le suis souvent demandé. Et la seule
réponse que j’ai pu me faire jusqu’à présent vous paraîtra
d’une décourageante banalité : tout simplement parce qu’une
scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux.
Remarquez d’ailleurs que cette réflexion est moins banale qu’il
y paraît. Le bonheur aujourd’hui est une activité originale. La
preuve est qu’on a plutôt tendance à se cacher de l’exercer, à
y voir une sorte de ballet rose dont il faut s’excuser. Là dessus
tout le monde est bien d’accord ! Je lis parfois, sous des plumes
austères, que des hommes d’action ayant renoncé à toute activité
publique se sont réfugiés ou se sont abrités dans leur vie privée.
Il y a un peu de mépris, non, dans cette idée de refuge ou d’abri
? De mépris, et, l’un ne va pas sans l’autre de sottise. Pour ma
part, en effet, je connais beaucoup plus de gens, au contraire, qui
se sont réfugiés dans la vie publique pour échapper à leur vie
privée. Les puissants sont souvent des ratés du bonheur ; cela
explique qu’ils ne sont pas tendres.
Où en étais-je ? Oui, le bonheur. Eh bien, pour le
bonheur aujourd’hui, c’est comme pour le crime de droit commun :
n’avouez jamais. Ne dites pas ingénument comme ça sans penser à
mal « je suis heureux ». Aussitôt vous lirez autour de vous sur
les lèvres retroussées votre condamnation. « Ah ! vous êtes
heureux, mon garçon ! Et dites-moi, que faîtes-vous des orphelins
du Cachemire et des lépreux de Nouvelles-Hébrides, qui, eux, ne
sont pas heureux, comme vous dites » Hé oui que faire des lépreux
? Comment s’en débarrasser comme dit notre ami Ionesco. Et
aussitôt nous voilà tristes comme des cure-dents. Pourtant moi, je
suis plutôt tenté de croire qu’il faut être fort et heureux pour
bien aider les gens dans le malheur ; Celui qui traîne sa vie et
succombe sous son propre poids ne peut aider personne. Celui qui se
domine au contraire et domine sa vie peut être vraiment généreux
et donner efficacement. Tenez, j’ai connu un homme qui n’aimait
pas sa femme et qui s’en désespérait. Il décida un jour de lui
vouer sa vie, par compensation en somme, et de se sacrifier à elle.
Eh ! bien à partir de ce moment, la vie de cette pauvre femme,
supportable jusque-là, devint un véritable enfer. Son mari, vous
comprenez, avait le sacrifice voyant et le dévouement fracassant. Il
y a comme ça de nos jours des gens qui se dévouent d’autant plus
à l’humanité qu’ils l’aiment moins. Ces amants moroses se
marient en somme pour le pire, jamais pour le meilleur. Etonnez-vous
après cela que le monde ait mauvaise mine, et qu’il soit difficile
d’y afficher le bonheur, surtout, hélas, quand on est un écrivain.
Et pourtant, j’essaie personnellement de ne pas me laisser
influencer, je garde du respect pour le bonheur et les gens heureux,
et je m’efforce en tout cas, par hygiène, de me trouver, le plus
souvent possible sur un des lieux de mon bonheur, je veux dire le
théâtre. Contrairement à certains autres bonheurs, d’ailleurs,
celui-là dure depuis plus de vingt ans et, quand bien même je le
voudrais, je crois que je ne pourrais pas m’en passer.
En 1956, ayant réuni une troupe d’infortune, j’ai
monté dans un dancing populaire d’Alger des spectacles qui
allaient de Malraux à Dostoïevski en passant par Eschyle.
Vingt-trois ans après sur la scène du Théâtre-Antoine j’ai pu
monter une adaptation des Possédés du même Dostoïevski. Étonné
moi-même d’une si rare fidélité ou d’une si longue
intoxication, je me suis interrogé sur des raisons de cette vertu,
ou de ce vice, obstinés. Et j’en ai trouvé de deux sortes, les
unes qui tiennent à ma nature, les autres qui tiennent à la nature
du théâtre. Ma première raison, et la moins brillante, je le
reconnais, et que j’échappe par le théâtre à ce qui m’ennuie
dans mon métier d ‘écrivain. J’échappe d’abord à ce que
j’appellerai l’encombrement frivole. Supposez que vous vous
appeliez Fernandel, Brigitte Bardot, Ali Khan ou plus modestement
Paul Valéry. Dans tous ces cas, vous avez votre nom dans les
journaux. Et dès que vous avez votre nom dans les journaux,
l’encombrement commence. Le courrier se rue sur vous, les
invitations pleuvent, il faut répondre : une grande partie de votre
temps est occupée à refuser de le perdre. La moitié d’une
énergie humaine est employée ainsi à dire non, de toutes les
manières. N’est-ce pas idiot ? Certainement, c’est idiot. Mais
c’est ainsi que nous sommes punis de nos vanités par la vanité
elle-même. J’ai remarqué cependant que tout le monde respecte le
travail du théâtre, bien qu’il soit aussi un métier de vanité,
et qu’il suffit d’annoncer qu’on est en répétitions pour
qu’aussitôt un délicieux désert s’installe autour de vous. Et
quand on a l’astuce, comme je le fais de répéter toute la
journée, et une partie de la nuit, là franchement, c’est le
paradis. De ce point de vue, le théâtre est mon couvent.
L’agitation du monde meurt au pied de ses murs et à l’intérieur
de l’enceinte sacrée, pendant deux mois, voués à une seule
méditation, tournés vers un seul but, une communauté de moines
travailleurs, arrachés au siècle, préparent l’office qui sera
célébré un soir pour la première fois. Eh bien parlons de ces
moines, je veux dire des gens du théâtre. Le mot vous surprend ?
Une presse spécialisée ou spéciale, je ne sais plus, vous aide
peut-être à imaginer les gens du théâtre comme des animaux qui se
couchent tard et divorcent tôt ! Je vous décevrai sans doute en
vous disant que le théâtre est plus banal que ça et même qu’on
divorce plutôt moins que dans le textile, la betterave ou le
journalisme. Simplement, quand ça arrive, on en parle plus,
forcément. Disons que le cœur de nos Sarah Bernhardt intéresse
plus le public que celui de Monsieur Boussac ? ça se comprend, en
somme. Il n’empêche que le métier des planches par la résistance
physique et l’effort respiratoire qu’il suppose demande d’une
certaine manière des athlètes bien équilibrés. C’est un métier
où le corps compte, non parce qu’on le disperse en folies, ou en
tout cas pas plus qu’ailleurs mais parce qu’on est contraint de
le tenir en forme, c’est-à-dire de le respecter. On y est
vertueux, en somme, par nécessité, ce qui est peut-être la seule
manière de l’être.
Du reste, je m’égare. Ce que je voulais dire,
c’est que je préfère la compagnie des gens de théâtre vertueux
ou pas à celles des intellectuels, mes frères. Pas seulement parce
qu’il est connu que les intellectuels qui sont rarement aimables
n’arrivent pas à s’aimer entre eux. Mais voilà, dans la société
intellectuelle, je ne sais pourquoi, j’ai toujours l’impression
d’avoir quelque chose à me faire pardonner. J’ai sans cesse la
sensation d’avoir enfreint une des règles du clan. Cela m’enlève
du naturel, bien sûr et, privé du naturel, je m’ennuie moi-même.
Sur un plateau de théâtre, au contraire, je suis naturel,
c’est-à-dire que je ne pense pas à l’être ou à ne l’être
pas et je partage avec mes collaborateurs que les ennuis et les joies
d’une action commune. Cela s’appelle, je crois, la camaraderie,
qui a été une des grandes joies de ma vie, que j’ai perdue à
l’époque où j’ai animé un journal que nous avions fait en
équipe, et que j’ai retrouvé dès que je suis revenu au théâtre.
Voyez- vous, un écrivain travaille solitairement, est jugé dans la
solitude, surtout se juge lui-même dans la solitude. Ce n’est pas
bon, ce n’est pas sain. S’il est normalement constitué, une
heure vient où il a besoin du visage humain, de la chaleur d’une
collectivité. C’est même l’explication de la plupart des
engagements d’écrivain : le mariage, l’Académie, la politique.
Ces expédients n’arrangent rien d’ailleurs. On n’a pas plutôt
perdu la solitude qu’on se prend à la regretter, on voudrait
avoir, en même temps, les pantoufles et le grand amour, on veut être
de l’académie sans cesser d’être anticonformiste, et les
engagés de la politique veulent bien qu’on agisse et qu’on tue à
leur place mais à condition qu’ils gardent le droit de dire que ce
n’est pas bien du tout. Croyez- moi, la carrière d’artiste
aujourd’hui n’est pas une sinécure. Pour moi, en tout cas, le
théâtre m’offre la communauté dont j’ai besoin, les servitudes
matérielles et les limitations dont tout homme et tout esprit ont
besoin. Dans la solitude, l’artiste règne, mais sur le vide. Au
théâtre, il ne peut régner. Ce qu’il veut faire dépend des
autres. Le metteur en scène a besoin de l’acteur qui a besoin de
lui. Cette dépendance mutuelle, quand elle est reconnue avec
l’humilité et la bonne humeur qui conviennent, fonde la solidarité
du métier et donne un corps à la camaraderie de tous mes jours.
Ici, nous sommes tous liés les uns aux autres, sans que chacun cesse
d’être libre, ou à peu près : n’est-ce pas une bonne formule
pour la future société ? Oh ! Entendons-nous ! Les acteurs, en tant
que personnes sont aussi décevants que n’importe quelle créature
humaine, y compris le metteur en scène ; et d’autant plus parfois
qu’on s’est laissé à beaucoup les aimer. Mais les déceptions,
si déception il y a, surviennent le plus souvent après la période
de travail, quand chacun retourne à sa nature solitaire. On dit avec
la même conviction dans ce métier, où l’on n’est pas fort sur
la logique, que l’échec gâte les troupes, et le succès aussi. Il
n’en est rien.
Ce qui gâte les troupes, c’est la fin de l’espoir
qui pendant les répétitions les tenait réunies. Car cette
collectivité n’est si étroitement unie que par la proximité du
but et de l’enjeu. Un parti, un mouvement, une église sont aussi
des communautés, mais le but qu’elles poursuivent se perd dans la
nuit de l’avenir. Au théâtre, au contraire, le fruit du travail,
amer ou doux, sera recueilli un soir connu longtemps à l’avance et
dont chaque jour de travail rapproche. L’aventure commune, le
risque connu par tous crée alors une équipe d’hommes et de femmes
tout entière tournée vers un seul but et qui ne sera jamais
meilleure ni plus belle que le soir, longtemps attendu, où la partie
enfin se joue. Les communautés de bâtisseurs, les ateliers
collectifs de peinture à la Renaissance ont dû connaître la même
exaltation qu’éprouvent ceux qui travaillent à un grand
spectacle. Encore faut-il ajouter que les monuments demeurent, tandis
que le spectacle passe et qu’il est dès lors d’autant plus aimé
de ses ouvriers qu’il doit mourir un jour. Pour moi je n’ai connu
que le sport d’équipe au temps de ma jeunesse, cette sensation
puissante d’espoir et de solidarité qui accompagnent les longues
journées d’entraînement jusqu’au jour du match victorieux ou
perdu. Vraiment, le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur
les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront
mes vraies universités
Mais pour en rester aux considérations
personnelles, je dois ajouter que le théâtre m’aide aussi à fuir
l’abstraction qui menace tout écrivain. De même qu’au temps où
je faisais du journalisme, je préférais la mise sur le marbre de
l’imprimerie à la rédaction de ces sortes de prêches qu’on
appelle éditoriaux, de même j’aime qu’au théâtre que l’œuvre
prend racine dans le fouillis des projecteurs, des praticables, des
toiles et des objets. Je ne sais qui a dit que pour bien mettre en
scène il fallait connaître par les bras le poids du décor. C’est
une grande règle d’art et j’aime ce métier qui m’oblige à
considérer en même temps que la psychologie des personnages, la
place d’une lampe ou d’un pot de géranium, le grain d’une
étoffe, le poids et le relief d’un caisson qui doit être porté
aux cintres. Lorsque mon ami Mayo dessinait les décors des Possédés
nous étions d’accord pour penser qu’il fallait commencer par des
décors construits, un salon lourd, des meubles, le réel enfin, pour
enlever peu à peu la pièce, vers une région plus élevée, moins
enracinée dans la matière, et styliser alors le décor. La pièce
se termine ainsi dans une sorte d’irréelle folie, mais elle est
partie d’un lieu précis et chargé de matière. N’est-ce pas la
définition même de l’art Voilà il me semble assez de raisons
personnelles qui expliquent que je donne au théâtre un temps que je
refuse avec obstination aux dîners en ville et au monde où l’on
s’ennuie. Ce sont des raisons d’homme mais j’ai aussi des
raisons d’artiste, c’est-à-dire plus mystérieuse. Et d’abord
je trouve que le théâtre est un lieu de vérité. On dit
généralement, il est vrai, que c’est le lieu de l’illusion.
N’en croyez rien. C’est la société plutôt qui vivrait
d’illusions et vous rencontrerez sûrement moins de cabotins à la
scène qu’à la ville. Prenez en tout cas un de ces acteurs non
professionnels qui figurent dans nos salons, nos administrations ou
plus simplement nos salles de générale. Placez le sur cette scène,
à cet endroit exact, lâchez sur lui 4000 watts de lumière, et la
comédie alors ne tiendra plus, vous le verrez tout nu d’une
certaine manière, dans la lumière de la vérité. Oui, les feux de
la scène sont impitoyables et tous les truquages du monde
n’empêcheront jamais que l’homme, ou la femme, qui marche ou
parle sur ces soixante mètres carrés se confesse à sa manière et
décline malgré les déguisements et les costumes sa véritable
identité. Et des êtres que j’ai longtemps et beaucoup connu dans
la vie, tels qu’ils paraissaient être, je suis tout à fait sûr
que je ne les connaîtrais vraiment à fond que s’ils me faisaient
l’amitié de bien vouloir répéter et jouer avec moi les
personnages d’un autre siècle et d’une autre nature. Ceux qui
aiment le mystère des cœurs et la vérité cachée des êtres,
c’est ici qu’ils doivent venir et que leur curiosité insatiable
risque d’être en partie comblée. Oui, croyez- moi, pour vivre
dans la vérité, jouez la comédie ! On me dit parfois « comment
conciliez-vous dans votre vie le théâtre et la littérature ». Ma
foi, j’ai fait beaucoup de métiers, par nécessité ou par goût,
et il faut croire que je suis tout de même arrivé à les concilier
avec la littérature puisque je suis resté un écrivain. J’ai même
l’impression que c’est à partir du moment où je consentirai à
être seulement un écrivain que je cesserai d’écrire. Et en ce
qui concerne le théâtre, la conciliation est automatique puisque
pour moi le théâtre est justement le plus haut des genres
littéraires et en tout cas le plus universel. J’ai connu et aimé
un metteur en scène qui disait toujours à ses auteurs et ses
acteurs : « Ecrivez ou jouez pour le seul imbécile qui est dans la
salle » Et tel qu’il était, il ne voulait pas dire « Soyez
vous-mêmes bête et vulgaire » mais simplement « Parlez à tous,
quels qu’ils soient » En somme, il n’y avait pas d’imbéciles
pour lui, tous méritaient qu’on s’intéressât à eux. Mais parler
à tous n’est pas facile. On risque toujours de viser trop haut ou
trop bas. Il y a ainsi les auteurs qui veulent s’adresser qu’à
ce qu’il y a de plus bête dans le public, et croyez- moi, ils y
réussissent très bien, et d’autres qui ne veulent s’adresser
qu’à ceux qui sont supposés intelligents, et ils échouent
presque toujours. Les premiers prolongent cette tradition dramatique
bien française qu’on peut appeler épopée du lit, les autres
ajoutent quelques légumes au pot au feu philosophique. À partir du
moment où un auteur réussit au contraire à parler à tous avec
simplicité tout en restant ambitieux dans son sujet, il sert la
vraie tradition de l’art, il réconcilie dans la salle toutes les
classes et tous les esprits dans une même émotion ou un même rire.
Mais, soyons justes, seuls les très grands y parviennent ; On me dit
aussi avec une sollicitude qui me bouleverse, soyez-en sûrs : «
Pourquoi adaptez-vous des textes quand vous pourriez écrire
vous-mêmes des pièces »Bien sûr. Mais au fait, je les ai écrites,
ces pièces et j’en écrirai d’autres dont je me résigne
d’avance à ce qu’elles fournissent aux mêmes personnes des
prétextes à regretter des adaptations. Seulement quand j’écris
mes pièces, c’est l’écrivain qui est au travail, en fonction
d’une œuvre qui obéit à un plan plus vaste et calculé. Quand
j’adapte, c’est le metteur en scène qui travaille selon l’idée
qu’il a du théâtre. Je crois, en effet, au spectacle total,
conçu, inspiré et dirigé par le même esprit, écrit et mis en
scène par le même homme, ce qui permet d’obtenir l’unité du
ton, du style, du rythme qui sont les atouts essentiels d’un
spectacle ; Comme j’ai la chance d’avoir été aussi bien
écrivain que comédien ou metteur en scène, je peux essayer
d’appliquer cette conception. Je me commande alors des textes,
traductions ou adaptations, que je peux ensuite remodeler sur le
plateau, lors des répétitions, et suivant les besoins de la mise en
scène. En somme, je collabore avec moi-même, ce qui exclut du même
coup, remarquez le bien, les frottements si fréquents entre l’auteur
et le metteur en scène. Et je me sens si peu diminué par ce
travail, que je continuerai tranquillement à le faire, autant que
j’en aurai la chance. Je n’aurais l’impression de déserter mes
devoirs d’écrivain que si j’acceptais au contraire de monter des
spectacles qui pourraient plaire au public par des moyens diminués,
de ces entreprises à grands succès qu’on a pu et qu’on peut
voir sur nos scènes parisiennes et qui me soulèvent le cœur. Non,
je n’ai pas eu le sentiment de déserter mon métier d’écrivain
en montant ces possédés qui résument ce qu’actuellement je sais
et ce que je crois du théâtre. Voilà ce que j’aime au théâtre,
voilà ce que j’y sers. Peut-être ne sera-ce pas longtemps
possible. Ce dur métier est menacé aujourd’hui dans sa noblesse
même. L’élévation incessante du prix de revient, la
fonctionnarisation des corps de métier poussent peu à peu les
scènes privées vers les spectacles les plus commerciaux. J’ajoute
que de leur côté trop de directions brillent surtout par leur
incompétence et n’ont aucun titre à détenir la licence qu’une
fée mystérieuse leur a donnée un jour. C’est ainsi qu’un lieu
de grandeur peut devenir un lieu de bassesse. Est-ce une raison pour
cesser de lutter ? Je ne le crois pas. Sous ces cintres, derrières
ces toiles, erre toujours une vertu d’art et de folie qui ne peut
périr et qui empêchera que tout se perde. Elle attend chacun
d’entre nous. C’est à nous de ne pas laisser s’endormir et
d’empêcher qu’elle soit chassée de son royaume par les
marchands et les fabricants. En retour, elle nous tiendra debout et
nous gardera en bonne et solide humeur. Recevoir et donner, n’est-ce
pas le bonheur et la vie enfin innocente dont je parlais en
commençant. Mais oui, c’est la vie même, forte, libre, dont nous
avons besoin.
"Tempo è galant'uomo"
Rubrique Le cadre spatio-temporel
O O
Du Bestiaire à la courtoisie : de l'autoportrait au portrait..
"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac, Illusions perdues
"Pas de deux" sur le thème de la métamorphose, du Bestiaire antique au Bestiaire
médiéval, pour l'invention des personnages de romans contemporains,
puis du héros de roman de chevalerie à celui de roman d'aventures avant
le passage au roman initiatique..
(court-métrage d'Emilie Mercier)
Du "Versipellis" (loup garou en latin) au "Bisclaret", Lai de Marie de France)
Vitam
capit
Et
animalia interficit.
Rusticus
est,
Sed
in silva regnat.
Infantes
suum cibum sunt,
Pecus
tam est.
Exercitus
delere potest.
Liberi
eum timent quia
Libertati
humanitatis obest.
Imperator
silvae est.
Sunt
ejus hostes homines qui semper vincet.
Félix (Latiniste de 4ème)
1ère étape : choix d'un animal emblématique, puis "pas de deux" entre deux animaux en vue de l'écriture d'une fable sur le modèle des Fables de la Fontaine.
Recherche d'une morale.
Récit du "pas de deux" sur le modèle de la fable "Le Loup et l'Agneau" de La Fontaine.
cf. "La Belle et la Bête"
2ème étape : de l'acrostiche sur l'animal l'animal emblématique à l'acrostiche moral et à l'acrostiche sur l'animal fabuleux, l'écriture d'une métamorphose.
Le poème en acrostiche d'Elena (5ème2 2013-2014) :
Chasseur
de proies juteuses,
Habile
dans toutes situations,
Aux
aguets de tous bruits suspects,
Toutes
ces qualités sont abritées dans un animal, le chat.
Sorciers,
ces yeux ont l’air
Assortis
à ses griffes aiguisées.
Un
vrai acrobate
Adore
poursuivre tout qui se laisse porter par le vent,
Grand
ou petit il sait se défendre,
Et
avant tout un animal affectueux.
Le poème en acrostiche de Lorraine (5ème2 2013-2014)
La fable d'Alexandra (5ème2 2013-2014) : Basilic et Renard
Le terrible Basilic régnait sur le poulailler d'un royaume oublié
Sans que personne n'ose contester son autorité.
Il n'arrivait cependant à se contenter
Du ridicule territoire qui lui était alloué..
Il rêvait de voir son emprise augmentée
Et de posséder de nouveaux territoires annexés.
Tout occupé à gémir et maudire son sort,
Il ne parvenait à savourer ses poules aux oeufs d'or.
C'est ainsi qu'un renard affamé,
Décida de ne point laisser passer pareille opportunité.
"Eh! ?!
J'ai à vous dire,
En toute sincérité,
Que celui que j'admire
Me déçoit au plus haut point.
Vous avez de l'avenir,
Cela est certain.
Alors pourquoi ne pas aller conquérir
Ce qui d'avance vous appartient?"
Basilic, charmé par ces paroles en devint sot,
Il gonfla ses barbillons,
Aiguisa ses ergots,
Secoua sa queue de dragon
Et s'en alla conquérir
Les nouveaux territoires qui devaient lui revenir..
Renard, ravi de sa fourberie,
Ricana d'avoir gagné sans livrer bataille,
Et s'en alla faire ripailles.
Savoir se contenter de ce qu'on a
N'est pas un don inné
Et vouloir toujours davantage
Peut nous amener à le regretter..
Du Bestiaire à la courtoisie : de l'autoportrait au portrait pour la construction du personnage de romans contemporains générationnels et intergénérationnels :
"Le style, c'est l'homme même"
"Pas de deux" pour la construction du personnage :
à La Recherche du temps perdu en perspective croisée avec les Mythologies de Roland Barthes
du héros au personnage, de l'autobiographie au roman, du "roman familial" au roman :
des Confessions de Jean-Jacques Rousseau aux Mémoires d'outre-tombe de François-René de Chateaubriand
de Une Vie à Au Bonheur des Dames,
des Choses de Georges Perec à Bonjour Tristesse et à 99frs ?
de L'Age d'homme de Michel Leiris et Si c'est un homme de Primo Levi
au
Quatrième mur
de Sorge Chalandon?
à ... L'invention de nos vies de Karine Tuil ?
à ... L'invention de nos vies de Karine Tuil ?
"C'est par la fêlure que vient la lumière", Jeannine Manuel
Le personnage ou le collectif de
personnages que vous mettrez en scène dans le cadre de cette
dramaturgie romanesque aura votre âge. Il aime lire et écrire sans
pour autant vouloir devenir écrivain (encore moins un écrivain
célèbre). Il entreprend l'écriture d'un roman et cette aventure
d'écriture lui permet de se découvrir autrement, d'aller à la
rencontre d'autres camarades de son âge qui partagent son goût pour
la lecture, l'écriture et les arts. Pourquoi n'écriraient-ils pas
ensemble leur histoire ?
Vous éviterez toutes formes de
dérives mélodramatiques, construirez de véritables histoires avec
des personnages inspirés de vos lectures et de votre vie personnelle
sans pour autant faire de plagiat, raconter votre vie et/ou mettre en
cause des personnes de votre entourage. Vous veillerez à rester dans
le cadre de la bienséance et adopterez un niveau de langue soutenu.
"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac, Illusions perdues
L'autre,
un sujet en question
: de cercles-frictions en
"Cercles/Fictions"
pour
une "échologie du
temps perdu et retrouvé"
Du héros au personnage : 1ère étape au Collège
La remise en question du personnage : 2ème étape au Lycée
"Je ne peins pas l'homme, je peins le passage", Montaigne
Si vous avez besoin d'informations
complémentaires ou de donner votre avis, n'hésitez pas à écrire à
cette adresse :
O O
"Pas de deux" de la lecture à l'écriture pour la construction des personnages :
"J'ai
essayé de faire de vous de bons lecteurs, qui lisent non dans le but
infantile de s'identifier aux personnages du livre, ni dans le but
adolescent d'apprendre à vivre, ni dans le but académique de
s'adonner aux généralisations. J'ai essayé de vous apprendre à
lire les livres pour leur forme, pour leurs visions, pour leur art.
J'ai essayé de vous apprendre à éprouver un petit frisson de
satisfaction artistique, à partager non point une émotion des
personnages du livre, mais les émotions de son auteur. Les joies et
les difficultés de la création. Nous n'avons pas glosé autour des
livres, à propos des livres, nous sommes allés au centre de tel ou
tel chef-d'œuvre, au cœur même du sujet."
Nabokov à ses étudiants en Littérature.
Qui
sont-ils ? Qui êtes-vous ?
"Pas
de deux" entre vos héros et vous pour la construction des
personnages.
"C'est
l'époque qui lit à travers moi"
Roger
Planchon (metteur en scène)
Qui
sont Joël Pommerat et Raphaël Enthoven?
Qu'est-ce
que la générosité ?
Qu'est-ce
que l'ambition ?
Qu'est-ce
que la réussite ?
Qu'est-ce
que l'ironie ?
Qu'est-ce
que la passion ?
Qu'est-ce
que l'"hybris" ?
Qu'est-ce
que la "résilience" ?
cf.
La Rubrique : Entretiens et rencontres
Le régime des
passions :
rencontres
philosophiques préparées et animées par Raphaël
Enthoven
à
l'Odéon-Théâtre de l'Europe.
Epicure : le
plaisir (25 janvier 2014 à15h)
Voltaire : l'ironie
(8 février 2014 à 15h)
Descartes : la
générosité (8 mars 2014 à 15 h)
Spinoza : l'amour
(22 mars 2014 à 15h)
Plotin : l'extase
(10 mai 2014 à 15h)
Bergson : la
joie (24 mai 2014 à 15h)
Qui sont les dieux de la mythologie ?
Que sont nos héros devenus ?
Qui sont Achille et Hector ?
Qui est Ulysse ?
Qui sont Télémaque et Mentor ?
Qui est Mademoiselle de Chartres ? Qui
est Monsieur de Clèves ? Qui est le prince de Nemours ?
Qui est Daniel d'Arthès ? Qui
sont les personnages du
"Cénacle" dans
Illusions perdues ?
Qui sont Pierre et Jean, Rastignac et
Lucien, Georges Duroy et Octave Mouret ?
Qui sont Madame de Beauséant, Vautrin
et le père Goriot (les guides de Rastignac) ?
Qui est Madame Vauquer ? Qui sont les
pensionnaires de la pension Vauquer ?
Poiret est-il un "Raton"
ou un "Bertrand" ?
cf.
Le portrait du personnage au début du Père Goriot de Balzac
en lien avec la fable de La Fontaine "Le Singe et le Chat"
:
http://tempoecoincidences2014.blogspot.com
Qui sont Alceste, Arnolphe, Dom Juan et
Tartuffe ?
Qui sont Aricie et Junie ? Britannicus
et Hippolyte ?
Qui sont Agrippine et Néron, Phèdre
et Thésée ?
Qui sont Araminthe et Dorante ?
Qui est Figaro ?
Qui
sont les personnages du
"Cénacle" dans
Illusions perdues ?
Qui sont-"Ils"
dans Les Choses de Georges Perec ?
Qui
êtes-vous ? Qui sont-ils ?
cf.
Les Rubriques :
Le schéma actantiel
Le dialogue initiatique
Qu'est-ce qu'un
sphinx ?
O O
Magie
de la lecture : pas de deux avec
votre héros, "quelqu'un comme
vous" * ?
Quelqu'un comme vous, Fabrice Roger-Lacan (affiche)
La rédaction par les
textes : de la description au récit de lecture d'un roman
d'aventures au Collège :
L'art
du portrait : du portrait physique au portrait moral et
en action.
L'art du
palimpseste en "Cercles/Fictions" : "Vingt
fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas Boileau
La description
par les textes d'une aventure de lecture : le portrait du
héros ou de l'héroïne d'un roman d'aventures qui vous a
particulièrement marqué.
1ère étape : précisez le
titre et le nom de l'auteur du roman choisi.
2ème étape : sur le modèle de
ce texte, "Magie de la lecture",
rédigez à la première personne votre rencontre de lecteur
avec le héros ou l'héroïne qui vous a particulièrement marqué.
Racontez en une dizaine
de lignes cette aventure de lecture, "collé aux flancs"
du héros ou de l'héroïne qui vous a amené(e) à confondre la
réalité de votre quotidien et la fiction.
Lecture du texte de
base : extrait de Jacques Vingtras, Jules Vallès
Il
est nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de
temps que je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ? Je ne sais
pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je
tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je
saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai
le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ; je suis
resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre
rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris
d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la cervelle et
jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la lune montre là-bas
un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de
l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier
comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de mes
pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout
contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me
demande où je ferai pousser du pain…
La
faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à manger
ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ?
3ème étape :
Faites le portrait de votre héros ou de votre héroïne en mettant
l'accent sur ses qualités morales et ses exploits, son évolution au
cours du roman.
4ème étape
(étape finale) : sur le modèle du texte, "Magie de la
lecture", rédigez à
la troisième personne la rencontre d'un lecteur ou d'une
lectrice avec le héros ou l'héroïne qui l'a particulièrement
marqué(e) à partir du portrait rédigé au cours de votre 3ème
étape de préparation à cette rédaction, sans négliger la
description du cadre spatio-temporel où se situe l'action du roman
et son télescopage avec le cadre de vie du jeune lecteur (cf. 2ème
étape de la rédaction) : le portrait du héros ou de l'héroïne
entrera en correspondance avec celui de l'univers de son lecteur.
Vous pouvez vous aider de
cette phrase pour le passage à la 3ème personne : "Assis(e)
sur le marches de sa maison, Alaïs leva subitement les yeux de son
livre."
Le Destin
d'Alaïs, Evelyne Brisou-Pellen
Votre rédaction ne devra
pas dépasser un paragraphe d'une quinzaine de lignes.
N'oubliez pas de préciser
le titre et le nom de l'auteur du roman choisi sur votre copie, avant
de commencer à rédiger.
L'art
du portrait : du portrait physique au portrait moral et
en action.
L'art du
palimpseste en "Cercles/Fictions" : "Vingt
fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas Boileau
Annexe 1
: le portrait de Télémaque, le héros du roman de Fénelon dans Les
aventures de Télémaque.
Ce
portrait se situe au début du roman de Fénelon. Télémaque, parti
à la recherche de son père, est jeté par une tempête dans l'île
de Calypso. Cette déesse, inconsolable du déparet d'Ulysse, fait au
fils de ce héros l'accueil le plus favorable.
"Calypso
ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Dans sa douleur, elle se
trouvait malheureuse d'être immortelle. Sa grotte ne résonnait plus
de son chant ; les nymphes qui la servaient n'osaient plus lui
parler. Elle se promenait souvent seule sur les gazons fleuris dont
un printemps éternel bordait son île : mais ces beaux lieux, loin
de modérer sa douleur, ne faisaient que lui rappeler le triste
souvenir d'Ulysse, qu'elle y avait vu tant de fois auprès d'elle.
Souvent elle demeurait immobile sur le rivage de la mer, qu'elle
arrosait de ses larmes, et elle était sans cesse tournée vers le
côté où le vaisseau d'Ulysse, fendant les ondes, avait disparu à
ses yeux.
Tout
à coup, elle aperçut les débris d'un navire qui venait de faire
naufrage, des bancs de rameurs mis en pièces, des rames écartées
çà et là sur le sable, un gouvernail, un mât, des cordages
flottant sur la côte ; puis elle découvre de loin deux hommes, dont
l'un paraissait âgé ; l'autre, quoique
jeune, ressemblait à Ulysse. Il avait sa douceur et sa fierté, avec
sa taille et sa démarche majestueuse. La déesse comprit que c'était
Télémaque, fils de ce héros. "
Annexe
2
: le portrait de Philéas Fogg, le héros de Jules verne dans Le
Tour du monde en quatre-vingts jours.
Ce
portrait se situe au début du roman de Jules verne.
"En
l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row,
Burlington Gardens, — maison dans laquelle Shéridan mourut en
1814, — était habitée par Phileas Fogg, esq., l’un des membres
les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres,
bien qu’il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût
attirer l’attention.
À
l’un des plus grands orateurs qui honorent l’Angleterre,
succédait donc ce Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne
savait rien, sinon que c’était un fort galant homme et l’un des
plus beaux gentlemen de la haute société anglaise.
On disait
qu’il ressemblait à Byron, – par la tête, car il était
irréprochable quant aux pieds, – mais un Byron à moustaches et à
favoris, un Byron impassible, qui aurait vécu mille ans sans
vieillir.
Anglais, à
coup sûr, Phileas Fogg n’était peut-être pas Londonner. On ne
l’avait jamais vu ni à la Bourse, ni à la Banque, ni dans aucun
des comptoirs de la Cité. Ni les bassins ni les docks de Londres
n’avaient jamais reçu un navire ayant pour armateur Phileas Fogg.
Ce gentleman ne figurait dans aucun comité d’administration. Son
nom n’avait jamais retenti dans un collège d’avocats, ni au
Temple, ni à Lincoln’s-inn, ni à Gray’s-inn. Jamais il ne
plaida ni à la Cour du chancelier, ni au Banc de la Reine, ni à
l’Echiquier, ni en Cour ecclésiastique. Il n’était ni
industriel, ni négociant, ni marchand, ni agriculteur. Il ne faisait
partie ni de l’Institution royale de la Grande-Bretagne, ni de
l’Institution de Londres, ni de l’Institution des Artisans, ni de
l’Institution Russell, ni de l’Institution littéraire de
l’Ouest, ni de l’Institution du Droit, ni de cette Institution
des Arts et des Sciences réunis, qui est placée sous le patronage
direct de Sa Gracieuse Majesté. Il n’appartenait enfin à aucune
des nombreuses sociétés qui pullulent dans la capitale de
l’Angleterre, depuis la Société de l’Armonica jusqu’à la
Société entomologique, fondée principalement dans le but de
détruire les insectes nuisibles.
Phileas
Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout."
Annexe
3 : le portrait d'Esméralda,
l'héroïne du roman de Victor Hugo, Notre-Dame
de Paris.
"Si
cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange,
c'est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète
ironique qu'il était, ne put décider dans le premier moment, tant
il fut fasciné par cette éblouissante vision.
Autour
d'elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes ;
et en effet, tandis qu'elle dansait ainsi, au bourdonnement du
tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient
au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec
son corsage d'or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec
ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par
moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c'était une
surnaturelle créature.
En vérité, pensa Gringoire,
c'est une salamandre, c'est une nymphe, c'est une déesse."
Préparation du dialogue initiatique entre le romancier en devenir et son Mentor..
Une
mise en perspective historique et critique dans le cadre de
l'aventure d'écriture d'un roman collectif interactif :
une odyssée romanesque polyphonique inter-nautique en quête d'"une belle personne" .."Le style, c'est l'homme même"
Qui sont Joël Pommerat, Fabriçce Roger-Lacan et Raphaël Enthoven ?
Qui sont les metteurs en scène contemporains : romanciers, poètes, essayistes, dramaturges.. ?
"C'est l'époque qui lit à travers moi", Roger Planchon
Une enquête générationnelle et intergénérationnelle à la recherche d'une esthétique fondée sur une éthique contemporaine : de la préface de Cromwell par Victor Hugo citant les sorcières de Macbeth de Shakespeare à Theodor Adorno..
cf. Rubrique "Le style"
"L'art
consiste à résister par la forme et rien d'autre contre le cours du
monde qui continue de menacer les hommes comme un pistolet appuyé
contre leur poitrine."
Theodor Adorno, Notes sur la littérature
"Tout
est dans la forme", Balzac, Illusions perdues
"Le
temps lui-même est une forme", Roland Barthes
"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature"
le personnage de l'écrivain dans Illusions perdues de Balzac
"La beauté doit sauver la monde", Dostoïevski
La beauté, est-ce important pour vous ?
Qu'est-ce que "le beau", suivant quels critères ?
cf. Le schéma actantiel
Le schéma actantiel représente les relations que les personnages entretiennent entre eux.
La quête d'écriture romanesque du collectif de personnages en lien avec la recherche d'une esthétique fondée sur une éthique générationnelle et intergénérationnelle peut être soutenue par des adjuvants ou freinée, voire entravée, par des opposants,
internes ou externes. Ces interférences, parfois réversibles, dans le
destin des protagonistes, avec les péripéties, rebondissements,
quiproquos et retournements de situation qu'elles provoquent,
contribueront à la dynamique d'écriture du récit, permettant d'alterner
dans sa construction, les forces transformatrices et ré-équilibrantes.
Il pourra en être question au cours du (des) "pas de deux" entre
l'un des personnages principaux (ou le collectif de personnages) et le
(les) personnage(s) d'écrivain(s) qui l'orientera(ont) dans sa (leur)
dans cette aventure d'écriture de sa (leur) propre histoire.
cf. Rubrique Le dialogue initiatique
Les "pas de deux" réversibles du théâtre
de Shakespeare, Molière, Racine, Marivaux, Beaumarchais Ibsen, Nathalie
Sarraute, Joël Pommerat et Fabrice Roger-Lacan notamment, peuvent
contribuer à cette dynamique d'écriture faite d'équilibre et de
déséquilibres entre forces positives et négatives souvent mêlées et/ou trompeuses, adjuvants et opposants parce que, suivant Antoine Vitez "Le théâtre est un champ de forces,
très petit, mais où se joue toujours toute l'histoire de la société, et
qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie des gens."
Fabrice Roger-Lacan
s'est inspiré du "pas de deux"
réversible et pervers du Limier
de Joseph L. Mankiewicz (1972)
de Cravate
Club à Quelqu'un
comme vous ..
à La porte d'à
côté ?
O O
"Le Chevalier à la croisée des chemins", Viktor Vasnetsov (1882)
Que sont nos chevaliers devenus ?
"Je cherche un homme", Diogène
Que sont nos chevaliers devenus ?
"Je cherche un homme", Diogène
De
Rastignac et Lucien de Rubempré à Bel-Ami, aux Faux-Monnayeurs
d'André Gide, aux
Choses et à La Disparition de Georges Perec, au
Ravissement de Lol V Stein, à L'après-midi de Monsieur Andesmas, à Moderato Cantabile et au
Vice Consul de Marguerite Duras, au Château d'Argol, à Un beau ténébreux, au Rivage des Syrtes et à Un Balcon en forêt de Julien Gracq..
Du héros de roman de chevalerie au
personnage du roman d'apprentissage à la disparition du personnage
dans le roman moderne, l'enquête continue..
De Lancelot et Tristan au duc de Nemours, de La Confession d'un enfant du siècle à Adolphe, à Rastignac et à Lucien de Rubempré, Julien Sorel, Rodolphe, Tholomyès et Bel-Ami, aux Faux-Monnayeurs d'André Gide..
.. aux Choses et à La Disparition de Georges Perec, au Ravissement de Lol V Stein, à L'après-midi de Monsieur Andesmas, à Moderato Cantabile et au Vice Consul de Marguerite Duras, au Château d'Argol, à Un beau ténébreux, au Rivage des Syrtes et à Un Balcon en forêt de Julien Gracq..
De La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette aux Samouraïs de Julia Kristeva et à Femmes de Philippe Sollers à La Valse aux adieux, La Plaisanterie et à L'Insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera.. à Truismes et Il fait beaucoup aimer les hommes de Marie Darrieussecq.
De Monseigneur Myriel et Jean Valjean dans Les Misérables au Docteur Jivago de Pasternak, à L'Idiot de Dostoïesvski..
De Lancelot et Tristan au duc de Nemours, de La Confession d'un enfant du siècle à Adolphe, à Rastignac et à Lucien de Rubempré, Julien Sorel, Rodolphe, Tholomyès et Bel-Ami, aux Faux-Monnayeurs d'André Gide..
.. aux Choses et à La Disparition de Georges Perec, au Ravissement de Lol V Stein, à L'après-midi de Monsieur Andesmas, à Moderato Cantabile et au Vice Consul de Marguerite Duras, au Château d'Argol, à Un beau ténébreux, au Rivage des Syrtes et à Un Balcon en forêt de Julien Gracq..
De La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette aux Samouraïs de Julia Kristeva et à Femmes de Philippe Sollers à La Valse aux adieux, La Plaisanterie et à L'Insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera.. à Truismes et Il fait beaucoup aimer les hommes de Marie Darrieussecq.
De Monseigneur Myriel et Jean Valjean dans Les Misérables au Docteur Jivago de Pasternak, à L'Idiot de Dostoïesvski..
De Vie et destin de Vassili Grossman à Etre sans destin de Imre Kertész (Prix Nobel de Littérature 2002)
Qui est Joël Pommerat ?
"Prince
d'incertitude"
article
de Libération 2013
"Cette
métaphore qu'on emploie pour dire que la vie est un théâtre n'est
pas si fausse et ce monde d'aujourd'hui,
ce monde de communication
a développé ce processus de brouillage
par
la représentation.
On ne cesse pas de se mettre en scène, de mettre en scène sa
parole, son rapport aux autres. L'inverse d'une spontanéité."
Joël
Pommerat, Théâtres
en présence (pp.12-13)
O O
Persévération et progression du sens ?
De Demian et Siddhartha à Narcisse et Goldmund au Loup des steppes et au Jeu des perles de verre
Raphaël Enthoven au Théâtre de l'Odéon avec Jean Salem
Le
Régime des Passions :
Épicure le plaisir : samedi 25 janvier 2014
Rencontres philosophiques préparées et animées par Raphaël Enthoven, assisté de Julien Tricard.
textes lus par Julie-Marie Parmentier et Georges Claisse
« Jamais il n'est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l'âme. »
"Je
cherche un homme",
Diogène
O O
De Demian et Siddhartha à Narcisse et Goldmund au Loup des steppes et au Jeu des perles de verre
de Hermann Hesse,
un
roman initiatique ?
De La Recherche du
temps perdu de Proust
aux Mythologies de Roland Barthes,
pour une "échologie du temps perdu et retrouvé"..
aux Mythologies de Roland Barthes,
pour une "échologie du temps perdu et retrouvé"..
Des "chants du cygne" dans L'Amour en Occident de Denis de Rougemont
au "chant des signes" de Raphaël Enthoven
au "chant des signes" de Raphaël Enthoven
dans "les nouveaux chemins de la connaissance"..
Tableau choisi par Simon :Tristan et Yseult, Rogelio de Egusquiza
Débat à propos de la
question du personnage : Simon (2de3 2012-2013) pense qu'il faut
choisir un personnage et s'attacher à ses pas, "sinon ce n'est pas
intéressant pour le lecteur"...
Est-il encore possible,
dans le cadre de la recherche d'une esthétique contemporaine de
"revenir à la notion de personnage"
?
De l'interrogation sur les
passions mortifères dans L'Amour en Occident de Denis de
Rougemont
au Régime
des passions de Raphaël
Enthoven :
Raphaël Enthoven au Théâtre de l'Odéon avec Jean Salem
Épicure le plaisir : samedi 25 janvier 2014
Rencontres philosophiques préparées et animées par Raphaël Enthoven, assisté de Julien Tricard.
textes lus par Julie-Marie Parmentier et Georges Claisse
« Jamais il n'est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l'âme. »
C'est de ne
pas méditer sur les causes de leur malheur que toi, l'homme, tu peux
souffrir. Tes extravagances provoquent chez toi les plus grandes
douleurs. La peur de la mort place l’angoisse et le malheur à
l'intérieur même de ta vie. Comment guérir les maux de ton l'âme?
Le plaisir épicurien est tout le contraire d'un libre débordement
des passions. Il est le résultat d'un exercice de mesure par lequel
tu décideras quoi t'autoriser, et quoi t'interdire. Vivre bien est
un art qu'il te faut pratiquer pour comprendre ce que ta vie a
d'impérissable. Alors seulement, « tu vivras comme un dieu
parmi les hommes »
Epicure, Lettre à Ménécée.
Epicure, Lettre à Ménécée.
O O
La
construction du personnage : du portrait physique au portrait moral
et en action
X
L'épidictique : l'éloge et le blâme/ L'énonciation : la
modalisation, les points de vue, les registres
(de
l'explicite à l'implicite)
Une
enquête anthropologique sur la place du sujet dans l'historie des
représentations
"Le
style, c'est l'homme même", Buffon
Le
chapitre initiatique :
le dialogue entre Rastignac et Madame de Beauséant dans Le Père
Goriot de Balzac
cf. Rubrique : Le dialogue initiatique
"Peut-on
être honnête et réussir ?"
Revue
Philosophie
Magazine,
Février 2014 (mensuel n°76)
cf. Rubrique : Le dialogue initiatique
Documents
:
L'interaction
entre le personnage et le milieu où il vit : Mme Vauquer, Monsieur
de Rénal, Aristide Saccard, Pierre.
Les
"rêves" de Julien Sorel, d'Emma Bovary, d'Etienne
Lantier.
Les
fins de roman : les morts de Julien Sorel et du père Goriot, le
mariage de Bel-Ami, l'espoir d'Etienne Lantier.
Texte
d'Alain Robbe-Grillet Pour un nouveau roman (1963) :
finir
! Cinquante années de maladie, le constat de son décès enregistré
à maintes reprises par
les
plus sérieux critiques, rien n’a encore réussi à le faire tomber
du piédestal où l’avait placé
le
XIXe siècle. C’est une momie à présent mais qui trône toujours
avec la même majesté.
(…)C’est
même là qu’on reconnaît le « vrai » romancier : il « crée »
des personnages /.../
On
pourrait multiplier les exemples. En fait, les créateurs de
personnages, au sens
traditionnel
ne réussissent plus à nous proposer que des fantoches auxquels
eux-mêmes ont
cessé
de croire. Le roman de personnages appartient bel et bien au passé.
Le
portrait du Duc de Nemours :
Texte
extrait de première partie de La Princesse de Clèves de
Madame de Lafayette.
Au
terme d’une galerie de portraits admirables des personnages de la
cour de France à l’époque d’Henri II
(XVIe
siècle), arrive l’apogée, le sommet de cette galerie avec le
portrait du Duc de Nemours
Le
vidame de Chartres, descendu de cette ancienne maison de Vendôme,
dont les
princes
du sang n'ont point dédaigné de porter le nom, était également
distingué dans la
guerre
et dans la galanterie. Il était beau, de bonne mine, vaillant,
hardi, libéral ; toutes ces
bonnes
qualités étaient vives et éclatantes ; enfin, il était seul digne
d'être comparé au duc de
Nemours,
si quelqu'un lui eût pu être comparable. Mais ce prince était un
chef-d’oeuvre de la
nature
; ce qu'il avait de moins admirable était d'être l'homme du monde
le mieux fait et le
plus
beau. Ce qui le mettait au-dessus des autres était une valeur
incomparable, et un
agrément
dans son esprit, dans son visage et dans ses actions, que l'on n'a
jamais vu qu'à lui
seul
; il avait un enjouement1 qui plaisait également aux hommes et aux
femmes, une adresse
extraordinaire
dans tous ses exercices, une manière de s'habiller qui était
toujours suivie de
tout
le monde, sans pouvoir être imitée, et enfin, un air dans toute sa
personne, qui faisait
qu'on
ne pouvait regarder que lui dans tous les lieux où il paraissait. Il
n'y avait aucune dame
dans
la cour, dont la gloire n'eût été flattée de le voir attaché à
elle ; peu de celles à qui il
s'était
attaché se pouvaient vanter de lui avoir résisté, et même
plusieurs à qui il n'avait point
témoigné
de passion n'avaient pas laissé d'en avoir pour lui. Il avait tant
de douceur et tant de
disposition
à la galanterie2, qu'il ne pouvait refuser quelques soins à celles
qui tâchaient de lui
plaire
: ainsi il avait plusieurs maîtresses, mais il était difficile de
deviner celle qu'il aimait
véritablement.
Il allait souvent chez la Reine dauphine ; la beauté de cette
princesse, sa
douceur,
le soin qu'elle avait de plaire à tout le monde, et l'estime
particulière qu'elle
témoignait
à ce prince, avaient souvent donné lieu de croire qu'il levait les
yeux jusqu'à elle.
Le portrait de Lucien
de Rubempré :
Extrait
de la première partie de Illusion perdues
de Balzac : Les deux poètes.
«
Lucien se tenait dans la pose gracieuse trouvée par les sculpteurs
pour le Bacchus indien. Son visage avait la distinction des lignes de
la beauté antique : c'étaient un front et un nez grecs, la
blancheur veloutée des femmes, des yeux noirs tant ils étaient
bleus, des yeux pleins d'amour, et dont le cristallin le disputait en
fraîcheur à celui d'un enfant.
Ses
beaux yeux étaient surmontés de sourcils comme tracés par un
pinceau chinois et bordés de longs cils châtains. Le long des joues
brillait un duvet soyeux dont la couleur s'harmonisait à celle d'une
blonde chevelure naturellement bouclée. Une suavité divine
respirait dans ses tempes d'un blanc doré. Une incomparable noblesse
était empreinte dans son menton court, relevé sans brusquerie.
Le
sourire des anges tristes errait sur ses lèvres de corail rehaussées
par de belles dents. Il avait les mains de l'homme bien né, des
mains élégantes, à un signe desquelles les hommes devaient obéir
et que les femmes aiment à baiser. Lucien était mince et de taille
moyenne. A voir ses pieds, un homme aurait été d'autant plus tenté
de le prendre pour une jeune fille déguisée que, semblable à la
plupart des hommes fins, pour ne pas dire astucieux, il avait les
hanches conformées comme celles d'une femme. Cet indice, rarement
trompeur, était vrai chez Lucien, que la pente de son esprit remuant
amenait souvent, quand il analysait l'état actuel de la société,
sur le terrain de la dépravation particulière aux diplomates qui
croient que le succès est la justification de tous les moyens,
quelque honteux qu'ils soient. »
O O
Qui est Frédéric Beigbeder ?
De L'amour dure trois ans à Un Roman français
De L'amour dure trois ans à Un Roman français
L'enquête générationnelle et intergénérationnelle continue..
"Je cherche un homme", Diogène
un "honnête homme"..
une "belle personne"..
"Je cherche un homme", Diogène
un "honnête homme"..
une "belle personne"..
à
suivre..
O O
"J'ai
toujours été étonné de la méprise qui fait du roman, pour tant
d'écrivains, un instrument de connaissance, de dévoilement ou
d'élucidation (même Proust pensait que sa gloire allait se jouer
sur la découverte de quelques grands lois psychologiques)."
Julien
Gracq, En lisant,
en écrivant (p.
61)
Pas
de deux générationnel et intergénérationnel : du dossier
pré-rédactionnel avec schémas actantiel et narratif à l'écriture
d'un roman.
Exemple
de choix d'un écrivain pour le dialogue initiatique entre le
personnage de romancier en devenir et le personnage-guide :
"Julien
Gracq, le dernier des classiques" ?
Titre du Magazine littéraire de juin 2007, n°465
Pas de deux
générationnel et intergénérationnel : exemple de choix d'un lieu
pour le diptyque sur la description d'un paysage
Magie
de la lecture
sur
http://tempoecoincidences2014.blogspot.com
:
le
roman polyphonique des romanciers en devenir pré-adolescents.
De
l'écriture d'une aventure à l'aventure d'une écriture sur
http://tempoecorrespondances2014.blogspot.com
:
le
roman polyphonique des romanciers en devenir adolescents.
"Je
ne sais pas ce que c'est que la vérité romanesque. Il y a une
présence romanesque"
Julien
Gracq, En lisant, en
écrivant (p. 61)
"Tout
est dans la forme",
Illusions
perdues de
Balzac
"Le
temps lui-même est une forme",
Roland Barthes
"Toute
écriture est un palimpseste",
Gérard Genette
Viktor
Vasnetsov, Le
chevalier à la croisée des chemins
(1882)
"Tempo
è galant'uomo"
A
la croisée des chemins d'hier et d'aujourd'hui, l'aventure
d'écriture romanesque interactive des romanciers en devenir
internautes à la recherche d'une poétique contemporaine
polyphonique pour une "échologie
du temps perdu et retrouvé"
à partir de leurs lectures de romans "classiques"
et contemporains et des dialogues générationnels et
intergénérationnels qu'elles favorisent, en perspective croisée
avec une réflexion sur leur relation aux arts donnant lieu à une
enquête anthropologique sur la place du sujet dans l'histoire de la
communication et des représentations axée sur le décryptage des
signes suivant les voies ouvertes par Marcel Proust dans La
Recherche du temps perdu
et par Roland Barthes dans ses Mythologies
s'inscrit dans une
réflexion/réflection analogique liée au palimpseste de la mémoire, des "Correspondances"
de Baudelaire au
Temps retrouvé
de Marcel Proust
pour des "Théâtres*
en présence(s)"
selon le titre de l'essai de Joël Pommerat, auteur également de
Cercles/Fictions qui
présente en illustration de couverture la première partie du
tableau de Viktor Vasnetsov, "Le
Chevalier à la croisée des chemins".
La référence
au roman perspectiviste de Proust sera donc incontournable, avec en
écho celle aux Cercles/Fictions de Joël Pommerat et au
"chant des signes" du très proustien Raphaël
Enthoven dans le renouvellement pédagogique de l'enseignement d'une
philosophie qui rend justice au sensible - ce que Proust appelle une
"bande passante de sensibilité" -- dans sa
chronique philosophique télévisuelle sur Arte, Philosophie,
associant texte et image suivant l'invitation d'Albert Camus : "On
ne pense que par images, si tu veux être philosophe écris des
romans" --
comme à la littérature à travers les liens qu'il tisse entre les
auteurs dans "Les
nouveaux chemins de la connaissance",
ses conférences à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, ses émissions
radiophoniques comme "Un
Eté avec Proust"
et, bien sûr, le Dictionnaire
amoureux de Proust qu'il
vient d'écrire avec son père, Jean-Paul Enthoven :
"Et
puissent les pages qui suivent permettre de comprendre qu'en
s'amusant avec Proust, ou qu'en pensant avec lui, on devient plus
lucides et meilleurs", Jean-Paul Enthoven, Le
Mystère Proust, Avant-Propos de la revue du Monde Hors-Série,
"Une vie, une oeuvre" (novembre 2013-janvier 2014).
*
"théâtre"
étant pris au sens étymologique de "lieu où l'on
regarde".
"Je
ne sais pas ce que c'est que la vérité romanesque. Il y a une
présence romanesque"
Julien
Gracq, En
lisant, en écrivant (p.61)
"La
lecture d'un ouvrage littéraire n'est pas seulement, d'un esprit
dans un autre esprit, le transvasement d'un complexe organisé
d'idées et d'images, ni le travail actif d'un sujet sur une
collection de signes qu'il a à réanimer à sa manière de bout en
bout, c'est aussi, tout au long d'une visite intégralement réglée,
à l'itinéraire de laquelle il n'est nul moyen de changer une
virgule, l'accueil au lecteur de
quelqu'un
: le concepteur et le constructeur, devenu le nu-propriétaire, qui
vous fait du début à la fin les honneurs de son domaine, et de la
compagnie duquel il n'est pas question de se libérer." ibid (p.
168)
"Tout
est signe, et tout signe est message",
Marcel Proust
La mise en perspective historique
et critique dans le cadre de l'aventure d'écriture du roman
collectif interactif générationnel et intergénérationnel prendra
sa source dans la littérature avant de donner lieu à
une série d'enquêtes anthropologiques sur la place du sujet dans
l'histoire de la communication et des représentations en vue de la
constitution d'un dossier pré-rédactionnel.
Vos recherches sous la forme d'enquêtes
générationnelles et intergénérationnelles pourront nourrir votre
inspiration sur le modèle de celle menée par Balzac au XIXème
siècle sur les voies opposées du journalisme et de la littérature
dans Illusions perdues que vous trouverez à l'article suivant, sans toutefois perdre de vue que ce
roman polyphonique interactif du XXIème siècle ne saurait en aucun
cas être un roman didactique, suivant la règle d'or du roman social
énoncée par Proust dans cette formule lapidaire : "Une
oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on
laisse la marque du prix."
Les romanciers du social ouvrent
la voie au roman moderne, voire post-moderne : n'oubliez pas pour
autant que les romans d'apprentissage du XIXème siècle étudiés
en classe de 2de peuvent représenter pour vous une une rampe de
lancement. Ils ne doivent en aucun cas devenir un carcan. Votre quête d'une
esthétique générationnelle et intergénérationnelle ne saurait en
rester là aujourd'hui..
"La
vraie vie, c'est la littérature" Marcel Proust
En lisant en écrivant, Julien Gracq
En lisant en écrivant, Julien Gracq
*
"littérature" au sens proustien d'"art
vivant" de "décryptage des signes", de
lecture "à rebours", de "marche en sens
contraire" pour un "retour aux profondeurs où ce
qui a existé réellement gît inconnu de nous" cf. Marcel
Proust, Le Temps retrouvé (dans ce sens "littérature"
inclut tous les art, dont la peinture, le théâtre et le cinéma,
bien sûr).
"Tempo è galant'uomo"
O O
De la lecture à l'écriture :
"J'ai
essayé de faire de vous de bons lecteurs, qui lisent non dans le but
infantile de s'identifier aux personnages du livre, ni dans le but
adolescent d'apprendre à vivre, ni dans le but académique de
s'adonner aux généralisations. J'ai essayé de vous apprendre à
lire les livres pour leur forme, pour leurs visions, pour leur art.
J'ai essayé de vous apprendre à éprouver un petit frisson de
satisfaction artistique, à partager non point une émotion des
personnages du livre, mais les émotions de son auteur – les joies
et les difficultés de la création. Nous n'avons pas glosé autour
des livres, à propos des livres, nous sommes allés au centre de tel
ou tel chef-d'oeuvre, au coeur même du sujet."
L'aventure
d'écriture romanesque inter-nautique que j'avais engagée avec mes
élèves de classes de Secondes et de Premières sur
http://recrearte.org en
2006 dans le
cadre d'un projet Comenius
ne correspondait pas tout à fait à l'objectif que je m'étais fixé
d'inscrire cette aventure d'écriture romanesque à l'intersection
des axes diachroniques et synchroniques, parce que mes partenaires
européens avaient restreint le champ esthétique du notre projet
artistique européen qui réunissait les villes de Bruxelles, de
Prague et de Madrid à l'art contemporain de la dé-construction du
sujet sans mise en perspective diachronique sur l'axe des temps, se
privant ainsi de toutes les ressources d'un éclairage des oeuvres
contemporaines par celles dites "classiques",
d'où le passage aujourd'hui de Correspondances
2006 : Utopia, la ville idéale (de
l'urbanisme à l'urbanité)
à
Correspondances
2014 en
"Cercles/Fictions"
pour
compléter l'expérience par une mise en perspective historique et
critique qui permette une véritable entrée
en littérature des romanciers inter-nautes en devenir "au
centre", "au
coeur même du sujet" :
de la lecture telle que la conçoit
Vladimir Nabokov ainsi qu'il l'explique à ses étudiants à
l'écriture d'un roman interactif générationnel adolescent pour
"prendre (leur)
place [...]
/ Au
centre du cercle"
ainsi
que le présentateur des Cercles/Fictions
de
Joël Pommerat (pp. 36-37) invite ses spectateurs à le faire et
"apprendre
à éprouver
un petit frisson de satisfaction artistique,
à
partager non
point une émotion des personnages du livre, mais les
émotions de son auteur - les
joies et les difficultés de la création",
pour entrer dans leur propre histoire grâce à la stratégie du
détour de la fiction dans le cadre d'une temporalité romanesque qui
démultiplie le temps et l'espace en se posant depuis ses origines
les questions de la continuité et de la discontinuité, de la
simultanéité et de la succession d'écritures et de lectures, de
réécritures et de relectures par fragmentations et superpositions
palimpsestiques d'un temps et d'un espace choisis.
"Toute
écriture est un palimpseste",
Gérard Genette
Le roman lui-même commencera à s'écrire à partir de vos propositions de synopsis et de chapitres.
O O
"Peut-on
être honnête et réussir ?"
Revue
Philosophie
Magazine,
Février 2014 (mensuel n°76)
Le
chapitre initiatique :
le dialogue entre Rastignac et Madame de Beauséant dans Le Père
Goriot de Balzac
"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature"
le personnage de l'écrivain dans Illusions perdues
cf. Rubriques :
Les synopsis : le synopsis de Illusions perdues
Les personnages : le portrait de Lucien de Rubempré
à suivre..
Le "réalisme magique", de Balzac à Dostoïevski.. aux "Cercles/Fictions" de Joël Pommerat
O O
Sujets de dissertation de niveau 2de : qui êtes-vous ? Qui sont-ils ?
cf. "Magie de la lecture" : http://tempoecoincidences2014.blogspot.com
Comment ses lectures
invitent-elles le jeune lecteur à réfléchir sur le sens de sa
vie ?
"La
vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se
distraire et se fuir, mais pour se trouver."
Votre expérience de la lecture
vous conduit-elle à souscrire à ce propos de Jean Guéhenno ?
Que représentent pour vous
les héros de la littérature ?
Vous
vous demanderez ce que signifie ce besoin d'admirer des êtres de
fiction, de les aimer ou de les imiter, et vous appuierez votre
réflexion sur des exemples pris dans vos lectures ou dans les œuvres
que vous avez étudiées.
Les héros de la littérature
sont-ils toujours exemplaires ?
Vous
développerez votre réflexion à l'aide d'exemples précis empruntés
vos lectures.
"Les
lectures de l'adolescence ont beaucoup avancé ma formation. Il fut
un temps où les personnages des romans m'étaient plus familiers et
mieux connus que les humains. Julien Sorel, Fabrice Del Dongo,
Rastignac, Emma Bovary, David Copperfield étaient mes compagnons
d'esprit ; il m'arrivait de me guider sur eux."
En
comparant votre expérience de jeune lecteur à celle de Gabriel
Chevallier, vous préciserez quel genre de rapports vous entretenez
avec les héros de la fiction littéraire ou artistique.
O O
Sujets de dissertation de niveau 1ère :
« La
vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par
conséquent réellement vécue, c'est la littérature ».
Cette
citation de Marcel Proust extraite du Temps
retrouvé vous
permet-elle d'éclairer la façon dont le romancier exprime une
pensée sur l'homme et sur le monde ? Vous appuierez votre réflexion
sur les romans que vous avez lus et étudiés. *
- Commentez ce point de vue du philosophe Alain : "Le thème de tout roman, c'est le conflit d'un personnage romanesque avec des choses et des hommes qu'il découvre en perspective à mesure qu'il avance, qu'il connaît d'abord mal, et qu'il ne comprend jamais tout à fait." (Système des Beaux-Arts, 1920).
Vous
prendrez pour exemples les textes du corpus ainsi que les oeuvres
romanesques que vous avez lues et étudiées.
- Dans son essai sur Les Personnages, Sylvie Germain, romancière contemporaine, écrit : « Tous les personnages sont des dormeurs clandestins nourris de nos rêves et de nos pensées. »
Cette
conception du personnage vous paraît-elle partagée par les
romanciers que vous connaissez ? Vous appuierez votre réponse sur
les textes du corpus et ls oeuvres romanesques que vous avez lues.
- André Maurois (1885-1967) écrit : « Un personnage de roman est simplifié et construit. On peut le comprendre. Dans la vie réelle, les êtres vivants sont des énigmes dangereuses. »
Expliquez,
commentez et discutez cette appréciation en vous fondant sur les
textes du corpus et vos lectures.
- Parlant du monde romanesque et de ses personnages, Albert Camus écrit dans L'Homme révolté : « Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. »
Vous
expliciterez et illustrerez ce point de vue à partir de vos lectures
romanesques et vous le discuterez si cela vous semble nécessaire.
- En parlant de ses héros, et avant d'écrire Madame Bovary, Flaubert déclarait : "Ce qu'ils sont maintenant, ce qu'ils font, ce qu'ils rêvent est le résultat de ce qu'ils ont été, de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils ont rêvé."
Cette
affirmation vous semble-t-elle correspondre à la définition d'un
personnage de roman ou correspond-elle plus étroitement à celle du
XIXème siècle ? Cette conception a-t-elle évolué ? Vous répondrez
à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus et sur
vos lectures personnelles.
- Julien Green (1900-1998) écrit à propos de son roman Leviathan (1928) : "Voici la vérité sur ce livre : je suis tous les personnages."
A partir de
votre expérience de lecteur de romans, vous vous interrogrez sur la
relation qui unit un auteur à ses personnages dans le cadre d'une
fiction romanesque.
- Jean-Paul Sartre a dit de Nathalie Sarraute : "Elle a mis au point une technique qui lui permet d'atteindre, par-delà la psychologie, la réalité humaine dans son existence même."
Sartre
souligne ici le fait que c'est l'existence même du personnage,
c'est-à-dire ses gestes, ses actes, ses paroles, qui constitue sa
réalité, et non une analyse psychologique livrée par l'auteur. Que
pensez-vous de cette conception de la construction du personnage
romanesque ?
Vous
répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du
corpus et vos lectures personnelles.