Qui ?

Qui ?

"Ce qui m'étonne, c'est qu'il demande toujours pourquoi, jamais qui !"
Agatha Christie, Le Vallon

L'autre, un sujet en question ?

 
Quelqu'un comme vous, Fabrice Roger-Lacan (l'affiche) 


"Ni rire ni pleurer, mais comprendre", Spinoza

"Intelligenti pauca"  
 
    "C'est la contradiction qui donne la vie en littérature"
 Balzac, Illusions perdues

"Pas de deux" entre soi et moi

"Je est un autre"  
Arthur Rimbaud

C'est pourquoi je vous propose d'écrire "avec" vous 
(non pas "sur" vous, à la 1ère personne du singulier)
"La vérité d'un homme, c'est d'abord ce qu'il cache"André Malraux

Ce qu'il (se) cache ?

Ces odyssées polyphoniques inter-nautiques,
se proposent de mettre en scène
  les "pas de deux" de personnages 
à la recherche d'une esthétique et d'une éthique générationnelles et intergénérationnelles,
entre pensée logique et pensée magique, mémoire volontaire et involontaire,  
sur les thèmes inspirés de  
La Recherche du temps perdu  de Marcel Proust
(ou "comment devenir écrivain ?"
de l'art d'aimer, de la fugue, de l'exil
de la filiation, des rencontres et des malentendus
de la séparation et du lien
 des métamorphoses,
de l'art et de la manière,
de l'art et la matière, 
de la création . .

"Vous ne comprenez donc pas que les gens de mon espèce, ceux qui créent, sont rigoureusment incapables d'ôter la vie?
Agatha Christie, Le Vallon

"Tout est dans la forme"
Balzac, Illusions perdues

"le temps lui-même est une forme"
Roland Barthes, Sur Racine (préface)

 "Les Inséparables" d'Esther Shalev-Gerz, fabriqué par Jaeger-LeCoultre

"Tempo è galant'uomo,

 dit l'Italien ; 
il dit toujours la vérité : 
c'est lui qui m'apprendra qui me veut du mal, ou du bien"

Figaro 
 
Beaumarchais, Le Mariage de Figaro  (III,5)

 O O




Du cadre spatio-temporel aux personnages


"On ne pense que par images, si tu veux être philosophe, écris des romans."

Albert Camus

(romancier, dramaturge et metteur en scène, journaliste et philosophe)

"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible"

Paul Klee


 O O


Où les personnages de ce roman polyphonique internau-tique contemporain sont ils heureux ?

Chez eux, à l'école, au théâtre, dans une bibliothèque, une librairie, un musée, au cinéma..  

dans un parc?

(peintre)

Où cette photo a-t-elle été prise ?

Dans quel roman d'un auteur contemporain est-il question de cette allée et de cette statue ?


Et celle-ci ?

Qui est le personnage représenté ?



Rubrique : Le cadre spatio-temporel


 O


"une scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux

Pourquoi je fais du théâtre, Albert Camus  

Où les personnages de ce roman polyphonique internau-tique contemporain sont ils heureux ?

Chez eux, à l'école, au théâtre, dans une bibliothèque, une librairie, un musée, au cinéma..  

dans un parc?


"Eh bien je me le suis souvent demandé. Et la seule réponse que j’ai pu me faire jusqu’à présent vous paraîtra d’une décourageante banalité : tout simplement parce qu’une scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux. "


ALBERT CAMUS : POURQUOI JE FAIS DU THEATRE

Eh bien je me le suis souvent demandé. Et la seule réponse que j’ai pu me faire jusqu’à présent vous paraîtra d’une décourageante banalité : tout simplement parce qu’une scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux. Remarquez d’ailleurs que cette réflexion est moins banale qu’il y paraît. Le bonheur aujourd’hui est une activité originale. La preuve est qu’on a plutôt tendance à se cacher de l’exercer, à y voir une sorte de ballet rose dont il faut s’excuser. Là dessus tout le monde est bien d’accord ! Je lis parfois, sous des plumes austères, que des hommes d’action ayant renoncé à toute activité publique se sont réfugiés ou se sont abrités dans leur vie privée. Il y a un peu de mépris, non, dans cette idée de refuge ou d’abri ? De mépris, et, l’un ne va pas sans l’autre de sottise. Pour ma part, en effet, je connais beaucoup plus de gens, au contraire, qui se sont réfugiés dans la vie publique pour échapper à leur vie privée. Les puissants sont souvent des ratés du bonheur ; cela explique qu’ils ne sont pas tendres.

Où en étais-je ? Oui, le bonheur. Eh bien, pour le bonheur aujourd’hui, c’est comme pour le crime de droit commun : n’avouez jamais. Ne dites pas ingénument comme ça sans penser à mal « je suis heureux ». Aussitôt vous lirez autour de vous sur les lèvres retroussées votre condamnation. « Ah ! vous êtes heureux, mon garçon ! Et dites-moi, que faîtes-vous des orphelins du Cachemire et des lépreux de Nouvelles-Hébrides, qui, eux, ne sont pas heureux, comme vous dites » Hé oui que faire des lépreux ? Comment s’en débarrasser comme dit notre ami Ionesco. Et aussitôt nous voilà tristes comme des cure-dents. Pourtant moi, je suis plutôt tenté de croire qu’il faut être fort et heureux pour bien aider les gens dans le malheur ; Celui qui traîne sa vie et succombe sous son propre poids ne peut aider personne. Celui qui se domine au contraire et domine sa vie peut être vraiment généreux et donner efficacement. Tenez, j’ai connu un homme qui n’aimait pas sa femme et qui s’en désespérait. Il décida un jour de lui vouer sa vie, par compensation en somme, et de se sacrifier à elle. Eh ! bien à partir de ce moment, la vie de cette pauvre femme, supportable jusque-là, devint un véritable enfer. Son mari, vous comprenez, avait le sacrifice voyant et le dévouement fracassant. Il y a comme ça de nos jours des gens qui se dévouent d’autant plus à l’humanité qu’ils l’aiment moins. Ces amants moroses se marient en somme pour le pire, jamais pour le meilleur. Etonnez-vous après cela que le monde ait mauvaise mine, et qu’il soit difficile d’y afficher le bonheur, surtout, hélas, quand on est un écrivain. Et pourtant, j’essaie personnellement de ne pas me laisser influencer, je garde du respect pour le bonheur et les gens heureux, et je m’efforce en tout cas, par hygiène, de me trouver, le plus souvent possible sur un des lieux de mon bonheur, je veux dire le théâtre. Contrairement à certains autres bonheurs, d’ailleurs, celui-là dure depuis plus de vingt ans et, quand bien même je le voudrais, je crois que je ne pourrais pas m’en passer.
En 1956, ayant réuni une troupe d’infortune, j’ai monté dans un dancing populaire d’Alger des spectacles qui allaient de Malraux à Dostoïevski en passant par Eschyle. Vingt-trois ans après sur la scène du Théâtre-Antoine j’ai pu monter une adaptation des Possédés du même Dostoïevski. Étonné moi-même d’une si rare fidélité ou d’une si longue intoxication, je me suis interrogé sur des raisons de cette vertu, ou de ce vice, obstinés. Et j’en ai trouvé de deux sortes, les unes qui tiennent à ma nature, les autres qui tiennent à la nature du théâtre. Ma première raison, et la moins brillante, je le reconnais, et que j’échappe par le théâtre à ce qui m’ennuie dans mon métier d ‘écrivain. J’échappe d’abord à ce que j’appellerai l’encombrement frivole. Supposez que vous vous appeliez Fernandel, Brigitte Bardot, Ali Khan ou plus modestement Paul Valéry. Dans tous ces cas, vous avez votre nom dans les journaux. Et dès que vous avez votre nom dans les journaux, l’encombrement commence. Le courrier se rue sur vous, les invitations pleuvent, il faut répondre : une grande partie de votre temps est occupée à refuser de le perdre. La moitié d’une énergie humaine est employée ainsi à dire non, de toutes les manières. N’est-ce pas idiot ? Certainement, c’est idiot. Mais c’est ainsi que nous sommes punis de nos vanités par la vanité elle-même. J’ai remarqué cependant que tout le monde respecte le travail du théâtre, bien qu’il soit aussi un métier de vanité, et qu’il suffit d’annoncer qu’on est en répétitions pour qu’aussitôt un délicieux désert s’installe autour de vous. Et quand on a l’astuce, comme je le fais de répéter toute la journée, et une partie de la nuit, là franchement, c’est le paradis. De ce point de vue, le théâtre est mon couvent. L’agitation du monde meurt au pied de ses murs et à l’intérieur de l’enceinte sacrée, pendant deux mois, voués à une seule méditation, tournés vers un seul but, une communauté de moines travailleurs, arrachés au siècle, préparent l’office qui sera célébré un soir pour la première fois. Eh bien parlons de ces moines, je veux dire des gens du théâtre. Le mot vous surprend ? Une presse spécialisée ou spéciale, je ne sais plus, vous aide peut-être à imaginer les gens du théâtre comme des animaux qui se couchent tard et divorcent tôt ! Je vous décevrai sans doute en vous disant que le théâtre est plus banal que ça et même qu’on divorce plutôt moins que dans le textile, la betterave ou le journalisme. Simplement, quand ça arrive, on en parle plus, forcément. Disons que le cœur de nos Sarah Bernhardt intéresse plus le public que celui de Monsieur Boussac ? ça se comprend, en somme. Il n’empêche que le métier des planches par la résistance physique et l’effort respiratoire qu’il suppose demande d’une certaine manière des athlètes bien équilibrés. C’est un métier où le corps compte, non parce qu’on le disperse en folies, ou en tout cas pas plus qu’ailleurs mais parce qu’on est contraint de le tenir en forme, c’est-à-dire de le respecter. On y est vertueux, en somme, par nécessité, ce qui est peut-être la seule manière de l’être.
Du reste, je m’égare. Ce que je voulais dire, c’est que je préfère la compagnie des gens de théâtre vertueux ou pas à celles des intellectuels, mes frères. Pas seulement parce qu’il est connu que les intellectuels qui sont rarement aimables n’arrivent pas à s’aimer entre eux. Mais voilà, dans la société intellectuelle, je ne sais pourquoi, j’ai toujours l’impression d’avoir quelque chose à me faire pardonner. J’ai sans cesse la sensation d’avoir enfreint une des règles du clan. Cela m’enlève du naturel, bien sûr et, privé du naturel, je m’ennuie moi-même. Sur un plateau de théâtre, au contraire, je suis naturel, c’est-à-dire que je ne pense pas à l’être ou à ne l’être pas et je partage avec mes collaborateurs que les ennuis et les joies d’une action commune. Cela s’appelle, je crois, la camaraderie, qui a été une des grandes joies de ma vie, que j’ai perdue à l’époque où j’ai animé un journal que nous avions fait en équipe, et que j’ai retrouvé dès que je suis revenu au théâtre. Voyez- vous, un écrivain travaille solitairement, est jugé dans la solitude, surtout se juge lui-même dans la solitude. Ce n’est pas bon, ce n’est pas sain. S’il est normalement constitué, une heure vient où il a besoin du visage humain, de la chaleur d’une collectivité. C’est même l’explication de la plupart des engagements d’écrivain : le mariage, l’Académie, la politique. Ces expédients n’arrangent rien d’ailleurs. On n’a pas plutôt perdu la solitude qu’on se prend à la regretter, on voudrait avoir, en même temps, les pantoufles et le grand amour, on veut être de l’académie sans cesser d’être anticonformiste, et les engagés de la politique veulent bien qu’on agisse et qu’on tue à leur place mais à condition qu’ils gardent le droit de dire que ce n’est pas bien du tout. Croyez- moi, la carrière d’artiste aujourd’hui n’est pas une sinécure. Pour moi, en tout cas, le théâtre m’offre la communauté dont j’ai besoin, les servitudes matérielles et les limitations dont tout homme et tout esprit ont besoin. Dans la solitude, l’artiste règne, mais sur le vide. Au théâtre, il ne peut régner. Ce qu’il veut faire dépend des autres. Le metteur en scène a besoin de l’acteur qui a besoin de lui. Cette dépendance mutuelle, quand elle est reconnue avec l’humilité et la bonne humeur qui conviennent, fonde la solidarité du métier et donne un corps à la camaraderie de tous mes jours. Ici, nous sommes tous liés les uns aux autres, sans que chacun cesse d’être libre, ou à peu près : n’est-ce pas une bonne formule pour la future société ? Oh ! Entendons-nous ! Les acteurs, en tant que personnes sont aussi décevants que n’importe quelle créature humaine, y compris le metteur en scène ; et d’autant plus parfois qu’on s’est laissé à beaucoup les aimer. Mais les déceptions, si déception il y a, surviennent le plus souvent après la période de travail, quand chacun retourne à sa nature solitaire. On dit avec la même conviction dans ce métier, où l’on n’est pas fort sur la logique, que l’échec gâte les troupes, et le succès aussi. Il n’en est rien.
Ce qui gâte les troupes, c’est la fin de l’espoir qui pendant les répétitions les tenait réunies. Car cette collectivité n’est si étroitement unie que par la proximité du but et de l’enjeu. Un parti, un mouvement, une église sont aussi des communautés, mais le but qu’elles poursuivent se perd dans la nuit de l’avenir. Au théâtre, au contraire, le fruit du travail, amer ou doux, sera recueilli un soir connu longtemps à l’avance et dont chaque jour de travail rapproche. L’aventure commune, le risque connu par tous crée alors une équipe d’hommes et de femmes tout entière tournée vers un seul but et qui ne sera jamais meilleure ni plus belle que le soir, longtemps attendu, où la partie enfin se joue. Les communautés de bâtisseurs, les ateliers collectifs de peinture à la Renaissance ont dû connaître la même exaltation qu’éprouvent ceux qui travaillent à un grand spectacle. Encore faut-il ajouter que les monuments demeurent, tandis que le spectacle passe et qu’il est dès lors d’autant plus aimé de ses ouvriers qu’il doit mourir un jour. Pour moi je n’ai connu que le sport d’équipe au temps de ma jeunesse, cette sensation puissante d’espoir et de solidarité qui accompagnent les longues journées d’entraînement jusqu’au jour du match victorieux ou perdu. Vraiment, le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités

Mais pour en rester aux considérations personnelles, je dois ajouter que le théâtre m’aide aussi à fuir l’abstraction qui menace tout écrivain. De même qu’au temps où je faisais du journalisme, je préférais la mise sur le marbre de l’imprimerie à la rédaction de ces sortes de prêches qu’on appelle éditoriaux, de même j’aime qu’au théâtre que l’œuvre prend racine dans le fouillis des projecteurs, des praticables, des toiles et des objets. Je ne sais qui a dit que pour bien mettre en scène il fallait connaître par les bras le poids du décor. C’est une grande règle d’art et j’aime ce métier qui m’oblige à considérer en même temps que la psychologie des personnages, la place d’une lampe ou d’un pot de géranium, le grain d’une étoffe, le poids et le relief d’un caisson qui doit être porté aux cintres. Lorsque mon ami Mayo dessinait les décors des Possédés nous étions d’accord pour penser qu’il fallait commencer par des décors construits, un salon lourd, des meubles, le réel enfin, pour enlever peu à peu la pièce, vers une région plus élevée, moins enracinée dans la matière, et styliser alors le décor. La pièce se termine ainsi dans une sorte d’irréelle folie, mais elle est partie d’un lieu précis et chargé de matière. N’est-ce pas la définition même de l’art Voilà il me semble assez de raisons personnelles qui expliquent que je donne au théâtre un temps que je refuse avec obstination aux dîners en ville et au monde où l’on s’ennuie. Ce sont des raisons d’homme mais j’ai aussi des raisons d’artiste, c’est-à-dire plus mystérieuse. Et d’abord je trouve que le théâtre est un lieu de vérité. On dit généralement, il est vrai, que c’est le lieu de l’illusion. N’en croyez rien. C’est la société plutôt qui vivrait d’illusions et vous rencontrerez sûrement moins de cabotins à la scène qu’à la ville. Prenez en tout cas un de ces acteurs non professionnels qui figurent dans nos salons, nos administrations ou plus simplement nos salles de générale. Placez le sur cette scène, à cet endroit exact, lâchez sur lui 4000 watts de lumière, et la comédie alors ne tiendra plus, vous le verrez tout nu d’une certaine manière, dans la lumière de la vérité. Oui, les feux de la scène sont impitoyables et tous les truquages du monde n’empêcheront jamais que l’homme, ou la femme, qui marche ou parle sur ces soixante mètres carrés se confesse à sa manière et décline malgré les déguisements et les costumes sa véritable identité. Et des êtres que j’ai longtemps et beaucoup connu dans la vie, tels qu’ils paraissaient être, je suis tout à fait sûr que je ne les connaîtrais vraiment à fond que s’ils me faisaient l’amitié de bien vouloir répéter et jouer avec moi les personnages d’un autre siècle et d’une autre nature. Ceux qui aiment le mystère des cœurs et la vérité cachée des êtres, c’est ici qu’ils doivent venir et que leur curiosité insatiable risque d’être en partie comblée. Oui, croyez- moi, pour vivre dans la vérité, jouez la comédie ! On me dit parfois « comment conciliez-vous dans votre vie le théâtre et la littérature ». Ma foi, j’ai fait beaucoup de métiers, par nécessité ou par goût, et il faut croire que je suis tout de même arrivé à les concilier avec la littérature puisque je suis resté un écrivain. J’ai même l’impression que c’est à partir du moment où je consentirai à être seulement un écrivain que je cesserai d’écrire. Et en ce qui concerne le théâtre, la conciliation est automatique puisque pour moi le théâtre est justement le plus haut des genres littéraires et en tout cas le plus universel. J’ai connu et aimé un metteur en scène qui disait toujours à ses auteurs et ses acteurs : « Ecrivez ou jouez pour le seul imbécile qui est dans la salle » Et tel qu’il était, il ne voulait pas dire « Soyez vous-mêmes bête et vulgaire » mais simplement « Parlez à tous, quels qu’ils soient » En somme, il n’y avait pas d’imbéciles pour lui, tous méritaient qu’on s’intéressât à eux. Mais parler à tous n’est pas facile. On risque toujours de viser trop haut ou trop bas. Il y a ainsi les auteurs qui veulent s’adresser qu’à ce qu’il y a de plus bête dans le public, et croyez- moi, ils y réussissent très bien, et d’autres qui ne veulent s’adresser qu’à ceux qui sont supposés intelligents, et ils échouent presque toujours. Les premiers prolongent cette tradition dramatique bien française qu’on peut appeler épopée du lit, les autres ajoutent quelques légumes au pot au feu philosophique. À partir du moment où un auteur réussit au contraire à parler à tous avec simplicité tout en restant ambitieux dans son sujet, il sert la vraie tradition de l’art, il réconcilie dans la salle toutes les classes et tous les esprits dans une même émotion ou un même rire. Mais, soyons justes, seuls les très grands y parviennent ; On me dit aussi avec une sollicitude qui me bouleverse, soyez-en sûrs : « Pourquoi adaptez-vous des textes quand vous pourriez écrire vous-mêmes des pièces »Bien sûr. Mais au fait, je les ai écrites, ces pièces et j’en écrirai d’autres dont je me résigne d’avance à ce qu’elles fournissent aux mêmes personnes des prétextes à regretter des adaptations. Seulement quand j’écris mes pièces, c’est l’écrivain qui est au travail, en fonction d’une œuvre qui obéit à un plan plus vaste et calculé. Quand j’adapte, c’est le metteur en scène qui travaille selon l’idée qu’il a du théâtre. Je crois, en effet, au spectacle total, conçu, inspiré et dirigé par le même esprit, écrit et mis en scène par le même homme, ce qui permet d’obtenir l’unité du ton, du style, du rythme qui sont les atouts essentiels d’un spectacle ; Comme j’ai la chance d’avoir été aussi bien écrivain que comédien ou metteur en scène, je peux essayer d’appliquer cette conception. Je me commande alors des textes, traductions ou adaptations, que je peux ensuite remodeler sur le plateau, lors des répétitions, et suivant les besoins de la mise en scène. En somme, je collabore avec moi-même, ce qui exclut du même coup, remarquez le bien, les frottements si fréquents entre l’auteur et le metteur en scène. Et je me sens si peu diminué par ce travail, que je continuerai tranquillement à le faire, autant que j’en aurai la chance. Je n’aurais l’impression de déserter mes devoirs d’écrivain que si j’acceptais au contraire de monter des spectacles qui pourraient plaire au public par des moyens diminués, de ces entreprises à grands succès qu’on a pu et qu’on peut voir sur nos scènes parisiennes et qui me soulèvent le cœur. Non, je n’ai pas eu le sentiment de déserter mon métier d’écrivain en montant ces possédés qui résument ce qu’actuellement je sais et ce que je crois du théâtre. Voilà ce que j’aime au théâtre, voilà ce que j’y sers. Peut-être ne sera-ce pas longtemps possible. Ce dur métier est menacé aujourd’hui dans sa noblesse même. L’élévation incessante du prix de revient, la fonctionnarisation des corps de métier poussent peu à peu les scènes privées vers les spectacles les plus commerciaux. J’ajoute que de leur côté trop de directions brillent surtout par leur incompétence et n’ont aucun titre à détenir la licence qu’une fée mystérieuse leur a donnée un jour. C’est ainsi qu’un lieu de grandeur peut devenir un lieu de bassesse. Est-ce une raison pour cesser de lutter ? Je ne le crois pas. Sous ces cintres, derrières ces toiles, erre toujours une vertu d’art et de folie qui ne peut périr et qui empêchera que tout se perde. Elle attend chacun d’entre nous. C’est à nous de ne pas laisser s’endormir et d’empêcher qu’elle soit chassée de son royaume par les marchands et les fabricants. En retour, elle nous tiendra debout et nous gardera en bonne et solide humeur. Recevoir et donner, n’est-ce pas le bonheur et la vie enfin innocente dont je parlais en commençant. Mais oui, c’est la vie même, forte, libre, dont nous avons besoin.

Albert CAMUS


ALBERT CAMUS : POURQUOI JE FAIS DU THEATRE

"Tempo è galant'uomo"
 
 Rubrique Le cadre spatio-temporel

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Du Bestiaire à la courtoisie : de l'autoportrait au portrait..

"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac, Illusions perdues

"Pas de deux" sur le thème de la métamorphose, du Bestiaire antique au Bestiaire médiéval, pour l'invention des personnages de romans contemporains, puis du héros de roman de chevalerie à celui de roman d'aventures avant le passage au roman initiatique..



Le lai de Bisclavret de Marie de France 
(court-métrage d'Emilie Mercier)

Du "Versipellis" (loup garou en latin) au "Bisclaret", Lai de Marie de France)

Vitam capit
Et animalia interficit.
Rusticus est,
Sed in silva regnat.
Infantes suum cibum sunt,
Pecus tam est.
Exercitus delere potest.
Liberi eum timent quia
Libertati humanitatis obest.
Imperator silvae est.
Sunt ejus hostes homines qui semper vincet.

Félix (Latiniste de 4ème)

 

Le Bestiaire : http://expositions.bnf.fr/bestiaire

1ère étape : choix d'un animal emblématique, puis "pas de deux" entre deux animaux en vue de l'écriture d'une fable sur le modèle des Fables de la Fontaine.
Recherche d'une morale.
Récit du "pas de deux" sur le modèle de la fable "Le Loup et l'Agneau" de La Fontaine. 
cf. "La Belle et la Bête"

2ème étape : de l'acrostiche sur l'animal l'animal emblématique à l'acrostiche moral et à l'acrostiche sur l'animal fabuleux, l'écriture d'une métamorphose.

Le poème en acrostiche d'Elena (5ème2 2013-2014) :

Chasseur de proies juteuses,
Habile dans toutes situations,
Aux aguets de tous bruits suspects,
Toutes ces qualités sont abritées dans un animal, le chat.

Sorciers, ces yeux ont l’air
Assortis à ses griffes aiguisées.
Un vrai acrobate
Volant pour attraper son mets
Adore poursuivre tout qui se laisse porter par le vent,
Grand ou petit il sait se défendre,
Et avant tout un animal affectueux.


Le poème en acrostiche de Lorraine (5ème2 2013-2014)



La fable d'Alexandra (5ème2 2013-2014) : Basilic et Renard

Le terrible Basilic régnait sur le poulailler d'un royaume oublié
Sans que personne n'ose contester son autorité.
Il n'arrivait cependant à se contenter
Du ridicule territoire qui lui était alloué..
Il rêvait de voir son emprise augmentée
Et de posséder de nouveaux territoires annexés.
Tout occupé à gémir et maudire son sort,
Il ne parvenait à savourer ses poules aux oeufs d'or.
C'est ainsi qu'un renard affamé,
Décida de ne point laisser passer pareille opportunité.
"Eh! ?!
J'ai à vous dire,
En toute sincérité,
Que celui que j'admire
Me déçoit au plus haut point.
Vous avez de l'avenir,
Cela est certain.
Alors pourquoi ne pas aller conquérir
Ce qui d'avance vous appartient?"
Basilic, charmé par ces paroles en devint sot,
Il gonfla ses barbillons,
Aiguisa ses ergots,
Secoua sa queue de dragon
Et s'en alla conquérir
Les nouveaux territoires qui devaient lui revenir..
Renard, ravi de sa fourberie,
Ricana d'avoir gagné sans livrer bataille,
Et s'en alla faire ripailles.
Savoir se contenter de ce qu'on a
N'est pas un don inné
Et vouloir toujours davantage
Peut nous amener à le regretter..

Du Bestiaire à la courtoisie : de l'autoportrait au portrait pour la construction du personnage de romans contemporains générationnels et intergénérationnels :




 O

Caspar David Friedrich,  Le Voyageur au-dessus de la mer des nuages (1818)


"Le style, c'est l'homme même"

"Pas de deux" pour la construction du personnage :
 à La Recherche du temps perdu en perspective croisée avec les Mythologies de Roland Barthes
du héros au personnage, de l'autobiographie au roman, du "roman familial" au roman :
des Confessions de Jean-Jacques Rousseau aux Mémoires d'outre-tombe de François-René de Chateaubriand
 de Une Vie à Au Bonheur des Dames,
 des Choses de Georges Perec à Bonjour Tristesse et à 99frs ?
de L'Age d'homme de Michel Leiris et Si c'est un homme de Primo Levi
au Quatrième mur de Sorge Chalandon? 
à ... L'invention de nos vies de Karine Tuil ?

"C'est par la fêlure que vient la lumière", Jeannine Manuel


Le personnage ou le collectif de personnages que vous mettrez en scène dans le cadre de cette dramaturgie romanesque aura votre âge. Il aime lire et écrire sans pour autant vouloir devenir écrivain (encore moins un écrivain célèbre). Il entreprend l'écriture d'un roman et cette aventure d'écriture lui permet de se découvrir autrement, d'aller à la rencontre d'autres camarades de son âge qui partagent son goût pour la lecture, l'écriture et les arts. Pourquoi n'écriraient-ils pas ensemble leur histoire ?
Vous éviterez toutes formes de dérives mélodramatiques, construirez de véritables histoires avec des personnages inspirés de vos lectures et de votre vie personnelle sans pour autant faire de plagiat, raconter votre vie et/ou mettre en cause des personnes de votre entourage. Vous veillerez à rester dans le cadre de la bienséance et adopterez un niveau de langue soutenu. 

"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac, Illusions perdues

L'autre, un sujet en question : de cercles-frictions en "Cercles/Fictions"
pour une "échologie du temps perdu et retrouvé"

 Du héros au personnage : 1ère étape au Collège

La remise en question du personnage : 2ème étape au Lycée 

  
"Je ne peins pas l'homme, je peins le passage", Montaigne 


Si vous avez besoin d'informations complémentaires ou de donner votre avis, n'hésitez pas à écrire à cette adresse :


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"Pas de deux" de la lecture à l'écriture pour la construction des personnages :


   "J'ai essayé de faire de vous de bons lecteurs, qui lisent non dans le but infantile de s'identifier aux personnages du livre, ni dans le but adolescent d'apprendre à vivre, ni dans le but académique de s'adonner aux généralisations. J'ai essayé de vous apprendre à lire les livres pour leur forme, pour leurs visions, pour leur art. J'ai essayé de vous apprendre à éprouver un petit frisson de satisfaction artistique, à partager non point une émotion des personnages du livre, mais les émotions de son auteur. Les joies et les difficultés de la création. Nous n'avons pas glosé autour des livres, à propos des livres, nous sommes allés au centre de tel ou tel chef-d'œuvre, au cœur même du sujet."

Nabokov à ses étudiants en Littérature. 


Qui sont-ils ? Qui êtes-vous ?

"Pas de deux" entre vos héros et vous pour la construction des personnages.

"C'est l'époque qui lit à travers moi"
 Roger Planchon (metteur en scène)


Qui sont Joël Pommerat et Raphaël Enthoven?

Qu'est-ce que la générosité ?
Qu'est-ce que l'ambition ?
Qu'est-ce que la réussite ?
Qu'est-ce que l'ironie ?
Qu'est-ce que la passion ?
Qu'est-ce que l'"hybris" ?
Qu'est-ce que la "résilience" ?

cf. La Rubrique : Entretiens et rencontres
 
Le régime des passions :  

rencontres philosophiques préparées et animées par Raphaël Enthoven 

à l'Odéon-Théâtre de l'Europe.



Epicure : le plaisir (25 janvier 2014 à15h)

Voltaire : l'ironie (8 février 2014 à 15h)

Descartes : la générosité (8 mars 2014 à 15 h)

Spinoza : l'amour (22 mars 2014 à 15h)

Plotin : l'extase (10 mai 2014 à 15h)

Bergson : la joie (24 mai 2014 à 15h)

Qui sont les dieux de la mythologie ?

Que sont nos héros devenus ?

Qui sont Achille et Hector ?

Qui est Ulysse ?

Qui sont Télémaque et Mentor ?

Qui est Mademoiselle de Chartres ? Qui est Monsieur de Clèves ? Qui est le prince de Nemours ?

Qui est Daniel d'Arthès ? Qui sont les personnages du "Cénacle" dans Illusions perdues ?

Qui sont Pierre et Jean, Rastignac et Lucien, Georges Duroy et Octave Mouret ?

Qui sont Madame de Beauséant, Vautrin et le père Goriot (les guides de Rastignac) ?

Qui est Madame Vauquer ? Qui sont les pensionnaires de la pension Vauquer ?

Poiret est-il un "Raton" ou un "Bertrand" ?
cf. Le portrait du personnage au début du Père Goriot de Balzac en lien avec la fable de La Fontaine "Le Singe et le Chat" : http://tempoecoincidences2014.blogspot.com

Qui sont Alceste, Arnolphe, Dom Juan et Tartuffe ?

Qui sont Aricie et Junie ? Britannicus et Hippolyte ?

Qui sont Agrippine et Néron, Phèdre et Thésée ?

Qui sont Araminthe et Dorante ?

Qui est Figaro ?

Qui sont les personnages du "Cénacle" dans Illusions perdues ?

Qui sont-"Ils" dans Les Choses de Georges Perec ?


Qui êtes-vous ? Qui sont-ils ?
cf. Les Rubriques :  
Le schéma actantiel
Le dialogue initiatique

Qu'est-ce qu'un sphinx ? 
cf. Le Bestiaire fabuleux : 

http://tempoecoincidences2014.blogspot.com


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Magie de la lecture : pas de deux avec votre héros, "quelqu'un comme vous" * ?


Quelqu'un comme vous, Fabrice Roger-Lacan (affiche)


La rédaction par les textes : de la description au récit de lecture d'un roman d'aventures au Collège : 


L'art du portrait : du portrait physique au portrait moral et en action.

L'art du palimpseste en "Cercles/Fictions" : "Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas Boileau
 
La description par les textes d'une aventure de lecture : le portrait du héros ou de l'héroïne d'un roman d'aventures qui vous a particulièrement marqué.

1ère étape : précisez le titre et le nom de l'auteur du roman choisi.

2ème étape : sur le modèle de ce texte, "Magie de la lecture", rédigez à la première personne votre rencontre de lecteur avec le héros ou l'héroïne qui vous a particulièrement marqué.

Racontez en une dizaine de lignes cette aventure de lecture, "collé aux flancs" du héros ou de l'héroïne qui vous a amené(e) à confondre la réalité de votre quotidien et la fiction.

Lecture du texte de base : extrait de Jacques Vingtras, Jules Vallès

Il est nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ? Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ; je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la cervelle et jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du pain…
La faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à manger ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ?

3ème étape : Faites le portrait de votre héros ou de votre héroïne en mettant l'accent sur ses qualités morales et ses exploits, son évolution au cours du roman.

4ème étape (étape finale) : sur le modèle du texte, "Magie de la lecture", rédigez à la troisième personne la rencontre d'un lecteur ou d'une lectrice avec le héros ou l'héroïne qui l'a particulièrement marqué(e) à partir du portrait rédigé au cours de votre 3ème étape de préparation à cette rédaction, sans négliger la description du cadre spatio-temporel où se situe l'action du roman et son télescopage avec le cadre de vie du jeune lecteur (cf. 2ème étape de la rédaction) : le portrait du héros ou de l'héroïne entrera en correspondance avec celui de l'univers de son lecteur.

Vous pouvez vous aider de cette phrase pour le passage à la 3ème personne : "Assis(e) sur le marches de sa maison, Alaïs leva subitement les yeux de son livre."
Le Destin d'Alaïs, Evelyne Brisou-Pellen

Votre rédaction ne devra pas dépasser un paragraphe d'une quinzaine de lignes.

N'oubliez pas de préciser le titre et le nom de l'auteur du roman choisi sur votre copie, avant de commencer à rédiger.


L'art du portrait : du portrait physique au portrait moral et en action.
L'art du palimpseste en "Cercles/Fictions" : "Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas Boileau

Annexe 1 : le portrait de Télémaque, le héros du roman de Fénelon dans Les aventures de Télémaque.

Ce portrait se situe au début du roman de Fénelon. Télémaque, parti à la recherche de son père, est jeté par une tempête dans l'île de Calypso. Cette déesse, inconsolable du déparet d'Ulysse, fait au fils de ce héros l'accueil le plus favorable.

"Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Dans sa douleur, elle se trouvait malheureuse d'être immortelle. Sa grotte ne résonnait plus de son chant ; les nymphes qui la servaient n'osaient plus lui parler. Elle se promenait souvent seule sur les gazons fleuris dont un printemps éternel bordait son île : mais ces beaux lieux, loin de modérer sa douleur, ne faisaient que lui rappeler le triste souvenir d'Ulysse, qu'elle y avait vu tant de fois auprès d'elle. Souvent elle demeurait immobile sur le rivage de la mer, qu'elle arrosait de ses larmes, et elle était sans cesse tournée vers le côté où le vaisseau d'Ulysse, fendant les ondes, avait disparu à ses yeux.

Tout à coup, elle aperçut les débris d'un navire qui venait de faire naufrage, des bancs de rameurs mis en pièces, des rames écartées çà et là sur le sable, un gouvernail, un mât, des cordages flottant sur la côte ; puis elle découvre de loin deux hommes, dont l'un paraissait âgé ; l'autre, quoique jeune, ressemblait à Ulysse. Il avait sa douceur et sa fierté, avec sa taille et sa démarche majestueuse. La déesse comprit que c'était Télémaque, fils de ce héros. "

Annexe 2 : le portrait de Philéas Fogg, le héros de Jules verne dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours.

Ce portrait se situe au début du roman de Jules verne.

"En l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens, — maison dans laquelle Shéridan mourut en 1814, — était habitée par Phileas Fogg, esq., l’un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu’il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l’attention.
À l’un des plus grands orateurs qui honorent l’Angleterre, succédait donc ce Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne savait rien, sinon que c’était un fort galant homme et l’un des plus beaux gentlemen de la haute société anglaise.
On disait qu’il ressemblait à Byron, – par la tête, car il était irréprochable quant aux pieds, – mais un Byron à moustaches et à favoris, un Byron impassible, qui aurait vécu mille ans sans vieillir.
Anglais, à coup sûr, Phileas Fogg n’était peut-être pas Londonner. On ne l’avait jamais vu ni à la Bourse, ni à la Banque, ni dans aucun des comptoirs de la Cité. Ni les bassins ni les docks de Londres n’avaient jamais reçu un navire ayant pour armateur Phileas Fogg. Ce gentleman ne figurait dans aucun comité d’administration. Son nom n’avait jamais retenti dans un collège d’avocats, ni au Temple, ni à Lincoln’s-inn, ni à Gray’s-inn. Jamais il ne plaida ni à la Cour du chancelier, ni au Banc de la Reine, ni à l’Echiquier, ni en Cour ecclésiastique. Il n’était ni industriel, ni négociant, ni marchand, ni agriculteur. Il ne faisait partie ni de l’Institution royale de la Grande-Bretagne, ni de l’Institution de Londres, ni de l’Institution des Artisans, ni de l’Institution Russell, ni de l’Institution littéraire de l’Ouest, ni de l’Institution du Droit, ni de cette Institution des Arts et des Sciences réunis, qui est placée sous le patronage direct de Sa Gracieuse Majesté. Il n’appartenait enfin à aucune des nombreuses sociétés qui pullulent dans la capitale de l’Angleterre, depuis la Société de l’Armonica jusqu’à la Société entomologique, fondée principalement dans le but de détruire les insectes nuisibles.
Phileas Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout."


Annexe 3 : le portrait d'Esméralda, l'héroïne du roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris.

"Si cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange, c'est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète ironique qu'il était, ne put décider dans le premier moment, tant il fut fasciné par cette éblouissante vision.

Autour d'elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes ; et en effet, tandis qu'elle dansait ainsi, au bourdonnement du tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d'or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c'était une surnaturelle créature.

En vérité, pensa Gringoire, c'est une salamandre, c'est une nymphe, c'est une déesse."



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Préparation du dialogue initiatique entre  le romancier en devenir et son Mentor..
Une mise en perspective historique et critique dans le cadre de l'aventure d'écriture d'un roman collectif interactif :
une odyssée romanesque polyphonique  inter-nautique en quête d'"une belle personne" ..

 "Le style, c'est l'homme même" 

Qui sont Joël Pommerat, Fabriçce Roger-Lacan et Raphaël Enthoven ?
Qui sont les metteurs en scène contemporains : romanciers, poètes, essayistes, dramaturges.. ?

"C'est l'époque qui lit à travers moi", Roger Planchon

Une enquête générationnelle et intergénérationnelle à la recherche d'une esthétique fondée sur une éthique contemporaine : de la préface de Cromwell par Victor Hugo citant les sorcières de Macbeth de Shakespeare à Theodor Adorno..

cf. Rubrique  "Le style"

"L'art consiste à résister par la forme et rien d'autre contre le cours du monde qui continue de menacer les hommes comme un pistolet appuyé contre leur poitrine."
Theodor Adorno, Notes sur la littérature
 
"Tout est dans la forme", Balzac, Illusions perdues

"Le temps lui-même est une forme", Roland Barthes

"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature"
le personnage de l'écrivain dans Illusions perdues  de Balzac

"La beauté doit sauver la monde", Dostoïevski

La beauté, est-ce important pour vous ?
 Qu'est-ce que "le beau", suivant quels critères ?

cf. Le schéma actantiel

Le schéma actantiel représente les relations que les personnages entretiennent entre eux.

La quête d'écriture romanesque du collectif de personnages en lien avec la recherche d'une esthétique fondée sur une éthique générationnelle et intergénérationnelle peut être soutenue par des adjuvants ou freinée, voire entravée, par des opposants, internes ou externes. Ces interférences, parfois réversibles, dans le destin des protagonistes, avec les péripéties, rebondissements, quiproquos et retournements de situation qu'elles provoquent, contribueront à la dynamique d'écriture du récit, permettant d'alterner dans sa construction, les forces transformatrices et ré-équilibrantes.

Il pourra en être question au cours du (des) "pas de deux" entre l'un des personnages principaux (ou le collectif de personnages) et le (les) personnage(s) d'écrivain(s) qui l'orientera(ont) dans sa (leur) dans cette aventure d'écriture de sa (leur) propre histoire. 

cf. Rubrique Le dialogue initiatique



Les "pas de deux" réversibles du théâtre de Shakespeare, Molière, Racine, Marivaux, Beaumarchais Ibsen, Nathalie Sarraute, Joël Pommerat et Fabrice Roger-Lacan notamment, peuvent contribuer à cette dynamique d'écriture faite d'équilibre et de déséquilibres entre forces positives et négatives souvent mêlées et/ou trompeuses, adjuvants et opposants parce que, suivant Antoine Vitez "Le théâtre est un champ de forces, très petit, mais où se joue toujours toute l'histoire de la société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie des gens."
Fabrice Roger-Lacan s'est inspiré du "pas de deux" réversible et  pervers du  Limier de Joseph L. Mankiewicz (1972)
de Cravate Club à Quelqu'un comme vous .. à  La porte d'à côté ?



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"Le Chevalier à la croisée des chemins", Viktor  Vasnetsov (1882)

Que sont nos chevaliers devenus ?
 
"Je cherche un homme", Diogène
De Rastignac et Lucien de Rubempré à Bel-Ami, aux Faux-Monnayeurs d'André Gide, aux Choses et à La Disparition de Georges Perec, au Ravissement de Lol V Stein, à L'après-midi de Monsieur Andesmas, à Moderato Cantabile et au Vice Consul de Marguerite Duras, au Château d'Argol, à Un beau ténébreux, au Rivage des Syrtes et à Un Balcon en forêt de Julien Gracq.. 
Du héros de roman de chevalerie au personnage du roman d'apprentissage à la disparition du personnage dans le roman moderne, l'enquête continue.. 

De Lancelot et Tristan au duc de Nemours,  de La Confession d'un enfant du siècle à Adolphe, à Rastignac et à Lucien de Rubempré, Julien Sorel, Rodolphe, Tholomyès et Bel-Ami, aux Faux-Monnayeurs d'André Gide..

..  aux Choses et à La Disparition de Georges Perec, au Ravissement de Lol V Stein, à L'après-midi de Monsieur Andesmas, à Moderato Cantabile et au Vice Consul de Marguerite Duras, au Château d'Argol, à Un beau ténébreux, au Rivage des Syrtes et à Un Balcon en forêt de Julien Gracq.. 

De La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette aux Samouraïs de Julia Kristeva et à Femmes de Philippe Sollers à La Valse aux adieuxLa Plaisanterie et à L'Insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera.. à Truismes et Il fait beaucoup aimer les hommes de Marie Darrieussecq.

De Monseigneur Myriel et Jean Valjean dans Les Misérables au Docteur Jivago de Pasternak, à L'Idiot de Dostoïesvski..


De Vie et destin de Vassili Grossman à Etre sans destin de Imre Kertész (Prix Nobel de Littérature 2002)


Qui est Joël Pommerat ?
"Prince d'incertitude"
article de Libération 2013


"Cette métaphore qu'on emploie pour dire que la vie est un théâtre n'est pas si fausse et ce monde d'aujourd'hui, ce monde de communication a développé ce processus de brouillage par la représentation. On ne cesse pas de se mettre en scène, de mettre en scène sa parole, son rapport aux autres. L'inverse d'une spontanéité."
Joël Pommerat, Théâtres en présence (pp.12-13)

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Persévération et progression du sens ?

De Demian et Siddhartha à Narcisse et Goldmund au Loup des steppes et au Jeu des perles de verre

de Hermann Hesse,
un roman initiatique ?

De La Recherche du temps perdu de Proust
aux Mythologies de Roland Barthes,
 pour une "échologie du temps perdu et retrouvé"..
Des "chants du cygne" dans L'Amour en Occident de Denis de Rougemont
au "chant des signes" de Raphaël Enthoven 
dans "les nouveaux chemins de la connaissance"..

Tableau choisi par Simon :Tristan et Yseult, Rogelio de Egusquiza

Débat à propos de la question du personnage : Simon (2de3 2012-2013) pense qu'il faut choisir un personnage et s'attacher à ses pas, "sinon ce n'est pas intéressant pour le lecteur"...
Est-il encore possible, dans le cadre de la recherche d'une esthétique contemporaine de "revenir à la notion de personnage" ?

De l'interrogation sur les passions mortifères dans L'Amour en Occident de Denis de Rougemont
au Régime des passions de Raphaël Enthoven :


Raphaël Enthoven au Théâtre de l'Odéon avec Jean Salem
 Le Régime des Passions :
Épicure le plaisir : samedi 25 janvier 2014
Rencontres philosophiques préparées et animées par Raphaël Enthoven, assisté de Julien Tricard.
textes lus par Julie-Marie Parmentier et Georges Claisse

« Jamais il n'est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l'âme. »
C'est de ne pas méditer sur les causes de leur malheur que toi, l'homme, tu peux souffrir. Tes extravagances provoquent chez toi les plus grandes douleurs. La peur de la mort place l’angoisse et le malheur à l'intérieur même de ta vie. Comment guérir les maux de ton l'âme? Le plaisir épicurien est tout le contraire d'un libre débordement des passions. Il est le résultat d'un exercice de mesure par lequel tu décideras quoi t'autoriser, et quoi t'interdire. Vivre bien est un art qu'il te faut pratiquer pour comprendre ce que ta vie a d'impérissable. Alors seulement, « tu vivras comme un dieu parmi les hommes » 
Epicure, Lettre à Ménécée.

"Je cherche un homme", Diogène


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La construction du personnage : du portrait physique au portrait moral et en action
X L'épidictique : l'éloge et le blâme/ L'énonciation : la modalisation, les points de vue, les registres
(de l'explicite à l'implicite)
Une enquête anthropologique sur la place du sujet dans l'historie des représentations

"Le style, c'est l'homme même", Buffon

"Peut-on être honnête et réussir ?"
Revue Philosophie Magazine, Février 2014 (mensuel n°76) 

Le chapitre initiatique : le dialogue entre Rastignac et Madame de Beauséant dans Le Père Goriot de Balzac 

cf. Rubrique : Le dialogue initiatique
Documents :
L'interaction entre le personnage et le milieu où il vit : Mme Vauquer, Monsieur de Rénal, Aristide Saccard, Pierre.
Les "rêves" de Julien Sorel, d'Emma Bovary, d'Etienne Lantier.
Les fins de roman : les morts de Julien Sorel et du père Goriot, le mariage de Bel-Ami, l'espoir d'Etienne Lantier.

Texte d'Alain Robbe-Grillet Pour un nouveau roman (1963) :
finir ! Cinquante années de maladie, le constat de son décès enregistré à maintes reprises par
les plus sérieux critiques, rien n’a encore réussi à le faire tomber du piédestal où l’avait placé
le XIXe siècle. C’est une momie à présent mais qui trône toujours avec la même majesté.
(…)C’est même là qu’on reconnaît le « vrai » romancier : il « crée » des personnages /.../
On pourrait multiplier les exemples. En fait, les créateurs de personnages, au sens
traditionnel ne réussissent plus à nous proposer que des fantoches auxquels eux-mêmes ont
cessé de croire. Le roman de personnages appartient bel et bien au passé.

Le portrait du Duc de Nemours :
Texte extrait de première partie de La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette.
Au terme d’une galerie de portraits admirables des personnages de la cour de France à l’époque d’Henri II
(XVIe siècle), arrive l’apogée, le sommet de cette galerie avec le portrait du Duc de Nemours

Le vidame de Chartres, descendu de cette ancienne maison de Vendôme, dont les
princes du sang n'ont point dédaigné de porter le nom, était également distingué dans la
guerre et dans la galanterie. Il était beau, de bonne mine, vaillant, hardi, libéral ; toutes ces
bonnes qualités étaient vives et éclatantes ; enfin, il était seul digne d'être comparé au duc de
Nemours, si quelqu'un lui eût pu être comparable. Mais ce prince était un chef-d’oeuvre de la
nature ; ce qu'il avait de moins admirable était d'être l'homme du monde le mieux fait et le
plus beau. Ce qui le mettait au-dessus des autres était une valeur incomparable, et un
agrément dans son esprit, dans son visage et dans ses actions, que l'on n'a jamais vu qu'à lui
seul ; il avait un enjouement1 qui plaisait également aux hommes et aux femmes, une adresse
extraordinaire dans tous ses exercices, une manière de s'habiller qui était toujours suivie de
tout le monde, sans pouvoir être imitée, et enfin, un air dans toute sa personne, qui faisait
qu'on ne pouvait regarder que lui dans tous les lieux où il paraissait. Il n'y avait aucune dame
dans la cour, dont la gloire n'eût été flattée de le voir attaché à elle ; peu de celles à qui il
s'était attaché se pouvaient vanter de lui avoir résisté, et même plusieurs à qui il n'avait point
témoigné de passion n'avaient pas laissé d'en avoir pour lui. Il avait tant de douceur et tant de
disposition à la galanterie2, qu'il ne pouvait refuser quelques soins à celles qui tâchaient de lui
plaire : ainsi il avait plusieurs maîtresses, mais il était difficile de deviner celle qu'il aimait
véritablement. Il allait souvent chez la Reine dauphine ; la beauté de cette princesse, sa
douceur, le soin qu'elle avait de plaire à tout le monde, et l'estime particulière qu'elle
témoignait à ce prince, avaient souvent donné lieu de croire qu'il levait les yeux jusqu'à elle.

Le portrait de Lucien de Rubempré :
Extrait de la première partie de Illusion perdues de Balzac : Les deux poètes.

« Lucien se tenait dans la pose gracieuse trouvée par les sculpteurs pour le Bacchus indien. Son visage avait la distinction des lignes de la beauté antique : c'étaient un front et un nez grecs, la blancheur veloutée des femmes, des yeux noirs tant ils étaient bleus, des yeux pleins d'amour, et dont le cristallin le disputait en fraîcheur à celui d'un enfant.
 Ses beaux yeux étaient surmontés de sourcils comme tracés par un pinceau chinois et bordés de longs cils châtains. Le long des joues brillait un duvet soyeux dont la couleur s'harmonisait à celle d'une blonde chevelure naturellement bouclée. Une suavité divine respirait dans ses tempes d'un blanc doré. Une incomparable noblesse était empreinte dans son menton court, relevé sans brusquerie.
  Le sourire des anges tristes errait sur ses lèvres de corail rehaussées par de belles dents. Il avait les mains de l'homme bien né, des mains élégantes, à un signe desquelles les hommes devaient obéir et que les femmes aiment à baiser. Lucien était mince et de taille moyenne. A voir ses pieds, un homme aurait été d'autant plus tenté de le prendre pour une jeune fille déguisée que, semblable à la plupart des hommes fins, pour ne pas dire astucieux, il avait les hanches conformées comme celles d'une femme. Cet indice, rarement trompeur, était vrai chez Lucien, que la pente de son esprit remuant amenait souvent, quand il analysait l'état actuel de la société, sur le terrain de la dépravation particulière aux diplomates qui croient que le succès est la justification de tous les moyens, quelque honteux qu'ils soient. » 

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Qui est Frédéric Beigbeder ?

De L'amour dure trois ans à Un Roman français 


L'enquête générationnelle et intergénérationnelle continue..

"Je cherche un homme", Diogène

un "honnête homme"..

une "belle personne"..

à suivre..


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"J'ai toujours été étonné de la méprise qui fait du roman, pour tant d'écrivains, un instrument de connaissance, de dévoilement ou d'élucidation (même Proust pensait que sa gloire allait se jouer sur la découverte de quelques grands lois psychologiques)." Julien Gracq, En lisant, en écrivant (p. 61)

Pas de deux générationnel et intergénérationnel : du dossier pré-rédactionnel avec schémas actantiel et narratif à l'écriture d'un roman.
Exemple de choix d'un écrivain pour le dialogue initiatique entre le personnage de romancier en devenir et le personnage-guide :


"Julien Gracq, le dernier des classiques" ?
Titre du Magazine littéraire de juin 2007, n°465

 
Pas de deux générationnel et intergénérationnel : exemple de choix d'un lieu pour le diptyque sur la description d'un paysage
"On ne pense que par images, si tu veux être philosophe, écris des romans", Albert Camus


Magie de la lecture sur http://tempoecoincidences2014.blogspot.com :
le roman polyphonique des romanciers en devenir pré-adolescents.

De l'écriture d'une aventure à l'aventure d'une écriture sur http://tempoecorrespondances2014.blogspot.com :
le roman polyphonique des romanciers en devenir adolescents.


"Je ne sais pas ce que c'est que la vérité romanesque. Il y a une présence romanesque"
Julien Gracq, En lisant, en écrivant (p. 61)

"Tout est dans la forme", Illusions perdues de Balzac

"Le temps lui-même est une forme", Roland Barthes

"Toute écriture est un palimpseste", Gérard Genette


 
Viktor Vasnetsov, Le chevalier à la croisée des chemins (1882)

 "Tempo è galant'uomo"

A la croisée des chemins d'hier et d'aujourd'hui, l'aventure d'écriture romanesque interactive des romanciers en devenir internautes à la recherche d'une poétique contemporaine polyphonique pour une "échologie du temps perdu et retrouvé" à partir de leurs lectures de romans "classiques" et contemporains et des dialogues générationnels et intergénérationnels qu'elles favorisent, en perspective croisée avec une réflexion sur leur relation aux arts donnant lieu à une enquête anthropologique sur la place du sujet dans l'histoire de la communication et des représentations axée sur le décryptage des signes suivant les voies ouvertes par Marcel Proust dans La Recherche du temps perdu et par Roland Barthes dans ses Mythologies s'inscrit dans une réflexion/réflection analogique liée au palimpseste de la mémoire, des "Correspondances" de Baudelaire au Temps retrouvé de Marcel Proust pour des "Théâtres* en présence(s)" selon le titre de l'essai de Joël Pommerat, auteur également de Cercles/Fictions qui présente en illustration de couverture la première partie du tableau de Viktor Vasnetsov, "Le Chevalier à la croisée des chemins"


La référence au roman perspectiviste de Proust sera donc incontournable, avec en écho celle aux Cercles/Fictions de Joël Pommerat et au "chant des signes" du très proustien Raphaël Enthoven dans le renouvellement pédagogique de l'enseignement d'une philosophie qui rend justice au sensible - ce que Proust appelle une "bande passante de sensibilité" -- dans sa chronique philosophique télévisuelle sur Arte, Philosophie, associant texte et image suivant l'invitation d'Albert Camus : "On ne pense que par images, si tu veux être philosophe écris des romans" -- comme à la littérature à travers les liens qu'il tisse entre les auteurs dans "Les nouveaux chemins de la connaissance", ses conférences à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, ses émissions radiophoniques comme "Un Eté avec Proust" et, bien sûr, le Dictionnaire amoureux de Proust qu'il vient d'écrire avec son père, Jean-Paul Enthoven : 
"Et puissent les pages qui suivent permettre de comprendre qu'en s'amusant avec Proust, ou qu'en pensant avec lui, on devient plus lucides et meilleurs", Jean-Paul Enthoven, Le Mystère Proust, Avant-Propos de la revue du Monde Hors-Série, "Une vie, une oeuvre" (novembre 2013-janvier 2014).
 
* "théâtre" étant pris au sens étymologique de "lieu où l'on regarde".


"Je ne sais pas ce que c'est que la vérité romanesque. Il y a une présence romanesque"
Julien Gracq, En lisant, en écrivant (p.61)


"La lecture d'un ouvrage littéraire n'est pas seulement, d'un esprit dans un autre esprit, le transvasement d'un complexe organisé d'idées et d'images, ni le travail actif d'un sujet sur une collection de signes qu'il a à réanimer à sa manière de bout en bout, c'est aussi, tout au long d'une visite intégralement réglée, à l'itinéraire de laquelle il n'est nul moyen de changer une virgule, l'accueil au lecteur de quelqu'un : le concepteur et le constructeur, devenu le nu-propriétaire, qui vous fait du début à la fin les honneurs de son domaine, et de la compagnie duquel il n'est pas question de se libérer." ibid (p. 168)

"Tout est signe, et tout signe est message", Marcel Proust




La mise en perspective historique et critique dans le cadre de l'aventure d'écriture du roman collectif interactif générationnel et intergénérationnel prendra sa source dans la littérature avant de donner lieu à une série d'enquêtes anthropologiques sur la place du sujet dans l'histoire de la communication et des représentations en vue de la constitution d'un dossier pré-rédactionnel.

Vos recherches sous la forme d'enquêtes générationnelles et intergénérationnelles pourront nourrir votre inspiration sur le modèle de celle menée par Balzac au XIXème siècle sur les voies opposées du journalisme et de la littérature dans Illusions perdues que vous trouverez à l'article suivant, sans toutefois perdre de vue que ce roman polyphonique interactif du XXIème siècle ne saurait en aucun cas être un roman didactique, suivant la règle d'or du roman social énoncée par Proust dans cette formule lapidaire : "Une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix."
 
Les romanciers du social ouvrent la voie au roman moderne, voire post-moderne : n'oubliez pas pour autant que les romans d'apprentissage du XIXème siècle étudiés en classe de 2de peuvent représenter pour vous une une rampe de lancement. Ils ne doivent en aucun cas devenir un carcan. Votre quête d'une esthétique générationnelle et intergénérationnelle ne saurait en rester là aujourd'hui..

"La vraie vie, c'est la littérature" Marcel Proust 
 En lisant en écrivant, Julien Gracq

* "littérature" au sens proustien d'"art vivant" de "décryptage des signes", de lecture "à rebours", de "marche en sens contraire" pour un "retour aux profondeurs où ce qui a existé réellement gît inconnu de nous" cf. Marcel Proust, Le Temps retrouvé (dans ce sens "littérature" inclut tous les art, dont la peinture, le théâtre et le cinéma, bien sûr).

 "Tempo è galant'uomo"


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De la lecture à l'écriture :

"J'ai essayé de faire de vous de bons lecteurs, qui lisent non dans le but infantile de s'identifier aux personnages du livre, ni dans le but adolescent d'apprendre à vivre, ni dans le but académique de s'adonner aux généralisations. J'ai essayé de vous apprendre à lire les livres pour leur forme, pour leurs visions, pour leur art. J'ai essayé de vous apprendre à éprouver un petit frisson de satisfaction artistique, à partager non point une émotion des personnages du livre, mais les émotions de son auteur – les joies et les difficultés de la création. Nous n'avons pas glosé autour des livres, à propos des livres, nous sommes allés au centre de tel ou tel chef-d'oeuvre, au coeur même du sujet."

L'aventure d'écriture romanesque inter-nautique que j'avais engagée avec mes élèves de classes de Secondes et de Premières sur http://recrearte.org en 2006 dans le cadre d'un projet Comenius ne correspondait pas tout à fait à l'objectif que je m'étais fixé d'inscrire cette aventure d'écriture romanesque à l'intersection des axes diachroniques et synchroniques, parce que mes partenaires européens avaient restreint le champ esthétique du notre projet artistique européen qui réunissait les villes de Bruxelles, de Prague et de Madrid à l'art contemporain de la dé-construction du sujet sans mise en perspective diachronique sur l'axe des temps, se privant ainsi de toutes les ressources d'un éclairage des oeuvres contemporaines par celles dites "classiques", d'où le passage aujourd'hui de Correspondances 2006 : Utopia, la ville idéale (de l'urbanisme à l'urbanité) à Correspondances 2014 en "Cercles/Fictions" pour compléter l'expérience par une mise en perspective historique et critique qui permette une véritable entrée en littérature des romanciers inter-nautes en devenir "au centre", "au coeur même du sujet" : de la lecture telle que la conçoit Vladimir Nabokov ainsi qu'il l'explique à ses étudiants à l'écriture d'un roman interactif générationnel adolescent pour "prendre (leur) place [...] / Au centre du cercle" ainsi que le présentateur des Cercles/Fictions de Joël Pommerat (pp. 36-37) invite ses spectateurs à le faire et "apprendre à éprouver un petit frisson de satisfaction artistique, à partager non point une émotion des personnages du livre, mais les émotions de son auteur - les joies et les difficultés de la création", pour entrer dans leur propre histoire grâce à la stratégie du détour de la fiction dans le cadre d'une temporalité romanesque qui démultiplie le temps et l'espace en se posant depuis ses origines les questions de la continuité et de la discontinuité, de la simultanéité et de la succession d'écritures et de lectures, de réécritures et de relectures par fragmentations et superpositions palimpsestiques d'un temps et d'un espace choisis.


"Toute écriture est un palimpseste", Gérard Genette

Le roman lui-même commencera à s'écrire à partir de vos propositions de synopsis et de chapitres.


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"Peut-on être honnête et réussir ?"
Revue Philosophie Magazine, Février 2014 (mensuel n°76)
 

Le chapitre initiatique : le dialogue entre Rastignac et Madame de Beauséant dans Le Père Goriot de Balzac 
 

"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature"
le personnage de l'écrivain dans Illusions perdues

cf. Rubriques :

Les synopsis : le synopsis de Illusions perdues
Les personnages :  le portrait de Lucien de Rubempré 

à suivre.. 

Le "réalisme magique", de Balzac à Dostoïevski.. aux "Cercles/Fictions" de Joël Pommerat 


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Sujets de dissertation de niveau 2de : qui êtes-vous ? Qui sont-ils ?

cf. "Magie de la lecture" : http://tempoecoincidences2014.blogspot.com



Comment ses lectures invitent-elles le jeune lecteur à réfléchir sur le sens de sa vie ?
"La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver."
Votre expérience de la lecture vous conduit-elle à souscrire à ce propos de Jean Guéhenno ?

Que représentent pour vous les héros de la littérature ?
Vous vous demanderez ce que signifie ce besoin d'admirer des êtres de fiction, de les aimer ou de les imiter, et vous appuierez votre réflexion sur des exemples pris dans vos lectures ou dans les œuvres que vous avez étudiées.


Les héros de la littérature sont-ils toujours exemplaires ?
Vous développerez votre réflexion à l'aide d'exemples précis empruntés vos lectures.


  "Les lectures de l'adolescence ont beaucoup avancé ma formation. Il fut un temps où les personnages des romans m'étaient plus familiers et mieux connus que les humains. Julien Sorel, Fabrice Del Dongo, Rastignac, Emma Bovary, David Copperfield étaient mes compagnons d'esprit ; il m'arrivait de me guider sur eux."
En comparant votre expérience de jeune lecteur à celle de Gabriel Chevallier, vous préciserez quel genre de rapports vous entretenez avec les héros de la fiction littéraire ou artistique.


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Sujets de dissertation de niveau 1ère :


« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature ».
Cette citation de Marcel Proust extraite du Temps retrouvé vous permet-elle d'éclairer la façon dont le romancier exprime une pensée sur l'homme et sur le monde ? Vous appuierez votre réflexion sur les romans que vous avez lus et étudiés. *
  1. Commentez ce point de vue du philosophe Alain : "Le thème de tout roman, c'est le conflit d'un personnage romanesque avec des choses et des hommes qu'il découvre en perspective à mesure qu'il avance, qu'il connaît d'abord mal, et qu'il ne comprend jamais tout à fait." (Système des Beaux-Arts, 1920).
Vous prendrez pour exemples les textes du corpus ainsi que les oeuvres romanesques que vous avez lues et étudiées.

  1. Dans son essai sur Les Personnages, Sylvie Germain, romancière contemporaine, écrit : « Tous les personnages sont des dormeurs clandestins nourris de nos rêves et de nos pensées. »
Cette conception du personnage vous paraît-elle partagée par les romanciers que vous connaissez ? Vous appuierez votre réponse sur les textes du corpus et ls oeuvres romanesques que vous avez lues.

  1. André Maurois (1885-1967) écrit : « Un personnage de roman est simplifié et construit. On peut le comprendre. Dans la vie réelle, les êtres vivants sont des énigmes dangereuses. »
Expliquez, commentez et discutez cette appréciation en vous fondant sur les textes du corpus et vos lectures.

  1. Parlant du monde romanesque et de ses personnages, Albert Camus écrit dans L'Homme révolté : « Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. »
Vous expliciterez et illustrerez ce point de vue à partir de vos lectures romanesques et vous le discuterez si cela vous semble nécessaire.

  1. En parlant de ses héros, et avant d'écrire Madame Bovary, Flaubert déclarait : "Ce qu'ils sont maintenant, ce qu'ils font, ce qu'ils rêvent est le résultat de ce qu'ils ont été, de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils ont rêvé."
Cette affirmation vous semble-t-elle correspondre à la définition d'un personnage de roman ou correspond-elle plus étroitement à celle du XIXème siècle ? Cette conception a-t-elle évolué ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus et sur vos lectures personnelles.

  1. Julien Green (1900-1998) écrit à propos de son roman Leviathan (1928) : "Voici la vérité sur ce livre : je suis tous les personnages."
A partir de votre expérience de lecteur de romans, vous vous interrogrez sur la relation qui unit un auteur à ses personnages dans le cadre d'une fiction romanesque.

  1. Jean-Paul Sartre a dit de Nathalie Sarraute : "Elle a mis au point une technique qui lui permet d'atteindre, par-delà la psychologie, la réalité humaine dans son existence même."
Sartre souligne ici le fait que c'est l'existence même du personnage, c'est-à-dire ses gestes, ses actes, ses paroles, qui constitue sa réalité, et non une analyse psychologique livrée par l'auteur. Que pensez-vous de cette conception de la construction du personnage romanesque ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus et vos lectures personnelles.